Le rêve d'une Méditerranée des villes : Entre développement et démocratie (années 1960 - années 2010)
Auteur / Autrice : | Samuel Ripoll |
Direction : | Renaud Payre |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences politiques |
Date : | Soutenance le 02/05/2022 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) |
Laboratoire : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Antoine Vion |
Examinateurs / Examinatrices : Jennifer Robinson | |
Rapporteur / Rapporteuse : Eric Verdeil, Aude Signoles |
Mots clés
Résumé
Dans les sciences humaines comme dans les initiatives de coopération internationale, la Méditerranée apparait souvent comme un emblème de la « fracture Nord-Sud », ou au contraire comme un espace de métissage, ferment d’une « unité méditerranéenne » que nombre d’acteurs appellent de leurs vœux. La science politique s’est surtout focalisée sur l’étude de la politics méditerranéenne, structurée par la figure de l’Etat et des régimes autoritaires arabes, par les principaux conflits et par les tentatives de l’Union européenne de stabiliser et démocratiser son voisinage. Nous proposons dans cette thèse de décentrer le regard en interrogeant la fabrique du politique en Méditerranée au prisme des circulations transnationales des politiques urbaines.Nous constatons en effet, depuis une cinquantaine d’années, la prolifération de réseaux de villes, d’institutions et de programmes internationaux, dédiés aux mutations urbaines de la région. Ils sont animés par des urbanistes, ingénieurs, activistes, élus et techniciens municipaux, experts internationaux, qui partagent une « volonté de savoir » comment bien gouverner les villes en Méditerranée, en particulier celles des rives sud et est. Ils développent des projets urbains expérimentaux, définissent des « bonnes pratiques » en matière d’aménagement et de gouvernance urbaine, organisent des rencontres et formations à destination des élus et professionnels de la ville.Nous analysons ces activités en croisant les études urbaines et la sociohistoire de l’action publique selon une perspective postcoloniale, attentive aux savoirs qui établissent la transformation des villes méditerranéennes en objet de réforme. Cette thèse met en lumière les conditions d’émergence d’une Méditerranée des villes, c’est-à-dire d’un espace politique composé d’un ensemble d’acteurs, d’institutions et de savoirs qui, à différentes périodes, selon différentes modalités, se proposent nouer de manière originale une vision des villes méditerranéennes avec une ambition de changer le destin de la région dans son ensemble. Elle prend forme dans les phénomènes de décolonisation qui agitent les années 1960 et se contracte progressivement à partir des années 2010, alors que les ambitions euro-méditerranéennes de l’Union européenne s’affaissent et que les « printemps arabes » reconfigurent les enjeux de coopération. Entre-temps se dessinent les contours d’un projet politique de transformation de la Méditerranée qui se propose de passer non par les Etats, mais par les villes. Incarné par des projets urbains emblématiques et par des « modèles » de politiques urbaines comme la planification stratégique, il se déploie autour d’ambitions de réforme du développement et de diffusion de la démocratie dans les pays du sud et de l’est du bassin.