Thèse soutenue

Pari migratoire et jeu conjugal : Incidences du départ sur les parcours matrimoniaux de femmes d'Afrique subsaharienne en France (Villeurbanne)

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Auteur / Autrice : Nadia Mounchit
Direction : Emmanuelle Santelli
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie, démographie
Date : Soutenance le 27/06/2022
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....)
etablissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Jacques Barou
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Hugues Déchaux, Laure Moguerou
Rapporteurs / Rapporteuses : Adelina Miranda, Mahamet Timera

Résumé

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Située au croisement d’une sociologie des migrations, de la famille et du genre, cette thèse interroge les effets de l’expérience migratoire sur les parcours conjugaux de femmes parties adultes de pays d’Afrique de l’Ouest et centrale et durablement installées en France. Au-delà de la question des gains/pertes dus à la migration pour ces femmes, elle vise à identifier les formes et les modalités des (ré)agencements opérés au sein de la sphère privée, à la fois sur le plan du rapport aux normes et des pratiques concrètes. Adoptant le prisme du parcours de vie, l’étude repose principalement sur la conduite d’entretiens biographiques et d’entretiens collectifs menés auprès de femmes migrantes, dans le cadre d’un terrain d’enquête basé à Villeurbanne.La recherche a fait apparaître les identités de genre comme un endroit qui cristallise les enjeux et les tensions induites par la situation migratoire. Ne trouvant pas les conditions de leur reproduction en France, les rôles de sexe hérités des sociétés d’origine se voient en effet réinterrogés, entraînant une remise en cause des statuts – en particulier via une mise en danger de l’autorité masculine – dans un contexte migratoire mettant à l’épreuve la définition même du couple, à distance des réseaux de parenté.Au-delà de la diversité des situations conjugales et migratoires présentées à l’arrivée en France, l’enquête donne à voir l’expérience migratoire comme un élément fort dans la formation des destinées matrimoniales mais non suffisant pour en saisir les déclinaisons. Les attentes conjugales sont en effet modelées par des paramètres tels que l’âge, le capital scolaire et l’origine sociale, la socialisation familiale (genrée) ou l’héritage conjugal – et en particulier, les déceptions qui le constituent. Mais, en opérant une mise à distance de l’entourage social et familial puis en fournissant des supports de légitimation (institutionnels, normatifs, symboliques) à l’exercice de choix conjugaux individuels, la migration en France facilite l’expression et la concrétisation de ces derniers, notamment dans leur aspiration plus égalitaire.L’analyse montre comment in fine la situation migratoire peut compter parmi les ressources à disposition des individus dans le cadre des différents rapports de force qui traversent l’espace conjugal. Et c’est moins la quête d’égalité que la préservation de l’autonomie qui apparaît fortement orienter les comportements des émigrantes, par-delà le couple et par-delà la migration.