S'orienter sur ''les sentiers de la création'' : étude de la collection d'Albert Skira et Gaëtan Picon (1969 - 1976)
Auteur / Autrice : | Alice Scheer |
Direction : | Dominique Carlat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance le 14/01/2022 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Passages XX-XXI (Lyon ; 2007-....) |
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Nathalie Piégay |
Examinateurs / Examinatrices : Hélène Védrine, Marine Wisniewski | |
Rapporteur / Rapporteuse : Serge Linarès |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
« Les sentiers de la création », collection des éditions Albert Skira, ont fait paraître entre 1969 et 1976, avec la collaboration de Gaëtan Picon, des œuvres inédites de 25 écrivains et artistes aussi variés qu’Aragon, Char, Michaux, Barthes, Paz, Dubuffet ou encore Lévi-Strauss. Les auteurs étaient invités à reparcourir leur cheminement créateur afin de retrouver, selon les mots d'Albert Skira, « l'inattendu qui les guettait », en prenant toujours soin de mêler les mots et les images, comme deux moyens d’expression complémentaires. C'est avec une grande liberté qu’ils se sont emparés de cette ligne de conduite éditoriale : tandis que certains font le choix de réaliser leur propres illustrations, d’autres pensent le geste créateur à la lumière d’images dont ils ne sont pas les auteurs. Fondée sur un vaste travail d’archives, cette thèse retrace d’abord, dans ses deux premières parties, l’histoire de cette singulière aventure éditoriale. Depuis le germe du projet et sa première ébauche jusqu’à l’impression des ouvrages, en passant par les difficultés inhérentes à la commande et les projets qui furent abandonnés en chemin, elle rend compte de la genèse des « sentiers de la création ». Pour s’efforcer de saisir les enjeux de l’auto-illustration et explorer l’imaginaire visuel de ces écrivains et artistes, elle se penche notamment sur les collaborations entre les auteurs et l’équipe éditoriale dans le travail de mise en image des volumes. Pour nous permettre de mieux nous orienter dans cette collection pour le moins éclectique, aux frontières génériques poreuses, ce travail souhaite ensuite proposer une typologie des formes en jeu. Cette classification, nécessairement insatisfaisante, vise à mettre au jour et à interroger des explorations génériques d’époque, à rendre compte de proximités voire de compagnonnages esthétiques, mais aussi à mieux percevoir la singularité de chaque volume. Elle se penche en premier sur l’ambition génétique de la collection pour cerner la façon dont cette dernière édite les états préparatoires de l’œuvre et pour comprendre comment elle représente le processus créateur. Elle s’intéresse ensuite aux diverses formes de l’essai avant de s’arrêter sur les autoportraits de la collection. Enfin, elle se consacre aux formes fictionnelles et plastiques de la collection, plus difficiles à classer tant elles sont singulières. L’approche intermédiale nous permettra, chaque fois, de voir ce que l’auto-illustration fait aux genres littéraires.À cette typologie succède, dans une quatrième et dernière partie, un panorama visant à rendre compte des diverses pensées de la création à l’œuvre dans ces ouvrages. Dans une approche qui lie étude littéraire et théorie esthétique, ce panorama s’articule plus spécifiquement autour de la notion de représentation, essentielle à la compréhension des rencontres du verbal et du pictural dans « Les sentiers de la création ». Parce qu’aucun auteur de la collection n’envisage la création comme un geste ex nihilo, chaque chapitre s’efforce d’éclairer les héritages esthétiques et théoriques dans lesquels s’inscrivent les cheminements créateurs de la collection, que ses écrivains et artistes convoquent et renouvellent. Qu’ils pensent l’œuvre davantage comme présence ou comme représentation, qu’ils rêvent d’une immédiate efficacité de l’art ou qu’ils soient habités par les doutes hérités de la « crise de l’ère de la représentation », les ouvrages de la collection montrent tous, directement ou indirectement, la création en train de se faire.