Thermodynamique et cinétique des transformations de phases dans les alliages industriels à base de tungstène
Auteur / Autrice : | Nicolas Bouliez |
Direction : | Olivier Dezellus, Jérome Andrieux |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Matériaux |
Date : | Soutenance le 21/06/2022 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Matériaux de Lyon (Villeurbanne ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire des Multimatériaux et Interfaces (1995-....) |
établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Frédéric Bernard |
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Dezellus, Annie Antoni-Zdziobek, Cristelle Schmuck-Pareige, Döme Tanguy, Jean-Marc Joubert | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Annie Antoni-Zdziobek, Cristelle Schmuck-Pareige |
Résumé
Les alliages lourds de tungstène constituent une catégorie de matériaux réfractaires dont la densité est très élevée et qui se distingue par la faculté d’ajustement du compromis résistance mécanique/ductilité. Les autres éléments qui entrent dans la composition des alliages lourds de tungstène (W) sont usuellement les métaux de transition ferromagnétiques : le cobalt (Co), le fer (Fe) et le nickel (Ni). Ces alliages sont élaborés par métallurgie des poudres avec un frittage en phase liquide par l'entreprise Plansee Tungsten Alloys, notamment pour la fabrication de pénétrateurs à énergie cinétique. Pour cette application, il est essentiel d'éliminer tout source de fragilisation tout en optimisant le procédé thermomécanique nécessaire au renforcement des propriétés mécaniques. Ainsi, il est primordial d'éviter la précipitation de phases intermétalliques aux interfaces des nodules de tungstène par une sélection appropriée de la composition chimique et des températures de traitements thermomécaniques. C'est pourquoi, la mise en place d'une description thermodynamique plus fiable par la méthode Calphad du système quaternaire Co–Fe–Ni–W constituait l'objectif majeur de cette étude. Des alliages ont été frittés en phase solide pour l'étude des équilibres thermodynamiques dans les systèmes ternaires Co–Ni–W et Fe–Ni–W. Ces alliages ont été caractérisés par des mesures structurales (DRX, diffraction électronique) couplées à des mesures de composition (EDS, microsonde de Castaing) pour évaluer les équilibres entre phases entre 800°C et 1000°C. Des analyses thermiques (ATD, DSC, ATG-DSC) ont été menées pour estimer des capacités calorifiques ou des températures auxquelles s'initient des transformations de phases. Des couples de diffusion multiples ont été élaborés afin d'étudier l'ensemble des conodes d'équilibre du système Co–Fe–Ni–W à une température donnée. Cependant, la formation de carbures aux interfaces des plaques de tungstène et la rupture interfaciale au cours des trempes n'ont pas permis d'étudier de façon adéquate les conodes d'équilibre. En parallèle, des calculs DFT ont été entrepris pour estimer les enthalpies de formation de phases intermétalliques à 0 K. L'ensemble des résultats issus de calculs ou de caractérisations expérimentales ont permis de faire avancer les connaissances thermodynamiques, surtout dans le système Co–Ni–W. Les données obtenues au cours de cette étude ont été couplées aux données de la littérature pour l'optimisation Calphad des systèmes binaires Ni–W et Co–W ainsi que du système ternaire Co–Ni–W. La base de données thermodynamiques a été employée pour l'élaboration fructueuse d'un alliage de tungstène innovant en reproduisant une microstructure consistant en une fine dispersion dans la matrice CFC d'une phase intermétallique (Co,Ni)7W6-µ. Ce nouvel alliage à grande résistance mécanique a été caractérisé en compression dynamique. Sa propension pour la déformation localisée via la formation de bandes de cisaillement adiabatiques a été démontrée ainsi que la rupture précoce qui en résulte. Ce type d'alliage novateur pourrait donner lieu à de meilleures performances de pénétration par effet ''auto-aiguisant'' de la tête des projectiles. Les cinétiques de deux réactions péritectoïdes distinctes ont été étudiées à plusieurs températures au moyen de mesures de pouvoirs thermoélectriques sur des alliages industriels. Les traitements de revenu post-martelage d'alliages industriels ont également été étudiés. Le système ternaire Al–Ni–W a été envisagé pour l'élaboration d'alliages lourds de tungstène innovants. Le procédé thermomécanique d'élaboration de ces alliages a été étudié et leur potentiel pour l'optimisation du compromis résistance/ductilité s'est avéré très grand.