La dyade sociale dans la perception visuelle : une nouvelle catégorie d'objets visuels
Auteur / Autrice : | Etienne Abassi |
Direction : | Liuba Papeo |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 08/04/2022 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....) |
Laboratoire : Institut de sciences cognitives Marc Jeannerod (Lyon ; 2006-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Kenneth Knoblauch |
Examinateurs / Examinatrices : Liuba Papeo, Scott Fairhall, Kami Koldewyn, Irène Cristofori, Radoslaw Cichy | |
Rapporteur / Rapporteuse : Scott Fairhall, Kami Koldewyn |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Une fois perçues au moyen de notre vision, les informations de notre environnement entrent dans un long chemin vers l’avant, allant de la rétine aux zones visuelles de niveau supérieur et au-delà. Tout au long de ce parcours, des transformations complexes s'opèrent pour reconstruire, à partir de la simple répartition spatio-temporelle de la lumière, la représentation des objets, des groupes d'objets et des scènes dans le cortex visuel. Un défi particulier pour le système visuel est d'accomplir la reconnaissance d'objets malgré le large éventail de variations possibles dans la présentation de ces objets, tels que les changements de position, de taille ou de forme. La reconnaissance est également prise en charge par des zones visuelles spécifiques à une catégorie qui répondent plus fortement à une catégorie d'objets visuels (c’est à dire à des objets partageant des caractéristiques visuelles de bas, moyen et haut niveau telles que la couleur et la texture, des formes simples ou des combinaisons de formes), comparé à d’autres catégories. Parmi les exemples les plus connus d'aires visuelles spécifiques à une catégorie, on trouve la zone fusiforme des visages (fusiform face area ou FFA) et la zone extrastriée des corps (extrastriate body area ou EBA) (Downing et al., 2001). Ces zones sont sensibles à des stimuli socialement pertinents, ou objets sociaux, tels que les visages et les corps, qui sont traités avec une grande efficacité, comme en témoignent les performances comportementales sur diverses tâches de reconnaissance visuelle telles que la reconnaissance de l'identité ou des émotions . Pour les corps et les visages, un ensemble de propriétés communes peuvent être identifié : 1) On considère qu'ils sont traités de manière configurale, un processus qui implique la reconnaissance par l'encodage des relations spatiales uniques entre les parties d'un stimuli ; 2) Ils attirent l'attention plus fortement que d'autres objets familiers ; 3) Ils sont traités dans des zones dédiées du cortex visuel . Des recherches récentes, qui motivent cette thèse, ont suggéré que ces caractéristiques propres au traitement du visage et des corps s'appliquent également au traitement de plusieurs corps, lorsqu'ils sont présentés dans des configurations spatiales socialement pertinentes : par exemple, deux corps spatialement proches et face-à-face . Ici, j'aborde l'hypothèse selon laquelle les dyades spatialement proches et face-à-face (comme si elle interagissaient) forment une nouvelle classe d'objets sociaux, traités avec des mécanismes perceptifs analogues à ceux impliqués dans la perception du visage et des corps. Cette thèse présente trois études principales sur des adultes humains sains, utilisant l'IRM fonctionnelle (IRMf) et des mesures comportementales de la perception visuelle pour étudier si les dyades face-à-face peuvent être considérées comme une catégorie d'objets que le cortex visuel représente et traite d’une manière similaire aux visages et aux corps. Les questions principales de cette thèse peuvent être articulées comme suit : 1) Le traitement des dyades face à face recrute-t-il des zones spécifiques du cortex visuel ? ; 2) L'activité dans ces zones peut-elle être expliquée par des mécanismes spécialisés du type décrit pour les visages et les corps (par exemple, traitement configural) ? ; 3) Comment se forme la représentation précoce d'une interaction sociale dans le cortex visuel ? Ces trois questions sont abordées au travers de trois études reportées dans les chapitres expérimentaux de la thèse. Dans le chapitre 3, je rapporte une étude IRMf, dans laquelle nous avons démontré qu'un ensemble de zones du cortex visuel, notamment celles impliquées dans la perception des corps, répondent plus fortement aux corps face-à-face qu'aux corps dos-à-dos, et représentent les corps individuels avec plus de précision lorsqu'ils sont face-à-face que dos-à-dos. [...]