Thèse soutenue

L'Irlande du Nord des photographes : réelle, symbolique, imaginaire : Genèse d'une archive photographique (1969-2022)

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Auteur / Autrice : Pauline Vermare
Direction : Jean-François KempfChristophe Gillissen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures étrangeres
Date : Soutenance le 15/11/2022
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....)
Laboratoire : Triangle : action- discours- pensée politique et économique / TRIANGLE - Triangle : action- discours- pensée politique et économique / TRIANGLE
Jury : Président / Présidente : Fabrice Mourlon
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Kempf, Christophe Gillissen, Géraldine Chouard-Véron, Laura Wexler, Karine Bigand
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabrice Mourlon, Michel Poivert

Résumé

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L’Irlande et les Irlandais ont été le sujet d’un grand nombre de photographes depuis le XIXe siècle, et l’objet, au fil des décennies, d’une multitude de représentations. Avec la partition de l’île en 1921, puis le début du conflit en 1969, les « Troubles », l’Irlande du Nord est devenue un sujet à part entière. Cette thèse, le fruit de vingt années de recherches, basée sur de multiples entretiens et écrits de photographes, mais aussi d’écrivains, d’historiens et de cinéastes nord-irlandais ou ayant travaillé en Irlande du Nord, offre une analyse en profondeur de la représentation photographique de l'Irlande du Nord de 1969 à nos jours. Dans un premier temps, nous analysons la manière dont la photographie, plus précisément le photojournalisme, a contribué dès le début des Troubles, en août 1969 à Derry, à faire de l’Irlande du Nord un sujet médiatique sur la scène internationale. Par le biais de nombreuses études de cas, nous étudions les motivations des photographes étrangers venus nombreux en Irlande du Nord dans les années 1970, puis la manière dont cette représentation « de l’extérieur » est devenue limitée et problématique. Dans un second temps, nous voyons comment et pourquoi, suivant le traumatisme des grèves de la faim et la mort de Bobby Sands en 1981, une nouvelle représentation photographique de l’Irlande du Nord a commencé à se développer, avec notamment l’émergence de la community photography, qui va permettre aux Nord-Irlandais de se réapproprier leur propre image et leur propre histoire avec la création de collectifs comme Belfast Exposed, Camera Work Derry ou Belfast Archive Project, et de galeries comme la Orchard Gallery, à Derry. Peu à peu, de nouvelles formes de représentation vont voir le jour, en opposition au photojournalisme : le « paysage politique », en couleur et en grand format ; et le « documentaire-fiction ». Ces évolutions formelles vont être adoptées par de nombreux photographes, notamment nord-irlandais, pour rendre compte de leur expérience personnelle du conflit. Avec cette réinvention, à la fois formelle et existentielle, la représentation photographique de l‘Irlande du Nord va progressivement passer du documentaire au métaphorique, du réel à l’imaginaire. Durant le conflit, puis après les accords de Paix de 1998, la photographie va ainsi permettre aux photographes de nuancer la représentation de la société nord-irlandaise et de son histoire. Aussi, après le processus de paix de 1998, la photographie va jouer un rôle de catharsis, individuelle et collective, qui va permettre de pallier les traumatismes, vécus ou hérités. Au gré de cette étude, nous analysons les diverses fonctions du medium, mais également le rôle joué par les institutions nord-irlandaises et irlandaises dans l’enrichissement et dans la dissémination de photographies de l’Irlande du Nord depuis les années 1990, notamment grâce à l’avènement de l’ère numérique. Un ambitieux travail de numérisation de fonds d’archives (amateures, professionnelles ou vernaculaires), mené par des institutions de Derry, Belfast, ou Dublin, mais aussi par la revue Source, ont permis ces dernières années de faire émerger de nombreuses nouvelles images qui ont contribué à élargir le champ de la représentation nord-irlandaise. Cette étude traite autant de culture visuelle que de sociologie : elle nous permet d’observer les l’évolution de la photographie, mais aussi celle de la société nord-irlandaise depuis 1969. Cette somme considérable d’images exprime, dans un éventail extraordinaire de styles et d’approches, les multiples réalités d’un même lieu et d’un même peuple, de la guerre à la paix. Elle nous permet aussi, de manière plus universelle, de mettre en lumière l’importance de la diversité des représentations et des interprétations, en photographie comme en histoire.