Thèse soutenue

Ithell Colquhoun : fantasmagories féminines du surréalisme britannique

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Auteur / Autrice : Tifaine Bachet
Direction : Didier Girard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes anglophones
Date : Soutenance le 26/09/2022
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Vanessa Guignery
Examinateurs / Examinatrices : Lawrence Gasquet, Tessel Marije Bauduin
Rapporteurs / Rapporteuses : Georges Letissier, Jean-Michel Ganteau

Mots clés

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Résumé

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Herbert Read et d’autres membres du groupe surréaliste britannique ont eu la volonté dès 1936 d’ancrer le surréalisme dans le paysage littéraire britannique, et ont présenté les productions du mouvement d’avant-garde comme découlant naturellement des canons de la littérature britannique. Nous souhaitons à la fois étendre et remettre en question cette approche en incluant des artistes féminines britanniques ainsi qu’en nous appuyant sur le moins canonique roman gothique qu’André Breton définit comme seul genre romanesque acceptable par le mouvement. Dans le premier Manifeste du Surréalisme, Breton dévalorise l’activité littéraire et rejette plus particulièrement le roman avant de citer comme modèles plusieurs auteurs britanniques masculins et féminins, représentant des branches du « male » et du « female gothic ». Nous en venons à nous interroger quant au statut des romans publiés par des artistes féminines britanniques affiliées au mouvement surréaliste.Notre étude portera exclusivement sur Ithell Colquhoun (1906-1988), artiste surréaliste britannique et praticienne de l’occulte qui a composé trois romans, nommément Goose of Hermogenes (1961), I Saw Water (2014) et Destination Limbo (2021). Comme le montrent les dates de publication, ses romans (et généralement sa contribution à des mouvements artistiques et des systèmes de pensée bien établis) ont récemment commencé à attirer l'attention. Il semble opportun de se plonger dans leur étude et de se demander si l’on peut parler de descendance naturelle vis-à-vis de la tradition gothique dont Colquhoun est l’héritière supposée ou, au contraire, de rupture ? La prose narrative de Colquhoun est-elle une réinvention du gothique ? Au-delà de l’analyse du gothique comme outil au sein du répertoire de thèmes et de techniques utilisés par Colquhoun, notre questionnement portera sur les procédés de transformation mis en œuvre dans ses trois romans. Dans un autre pan de la recherche, nous envisagerons les romans comme des objets d’expérimentation et des artefacts magiques entre les mains de Colquhoun ; il s’agira de mettre à jour son bricolage surréaliste ainsi que l’essence occulte de sa prose narrative. En outre, nous mettrons en lumière l’univers poétique de l’auteure. Nous nous demanderons quelles sont les obsessions personnelles et les images privilégiées de Colquhoun, et nous nous intéresserons à ce qui fait sa mythologie intime et ce qui donne corps à ses romans. Nous aurons également pour ambition de révéler ce que Colquhoun met en mouvement au moyen de ses romans, en d’autres termes de déterminer si son bricolage contribue à démanteler la position marginale des traditions dans lesquelles elle a placé son œuvre. Nous examinerons si Colquhoun produit des sub-versions libératrices du roman gothique, surréaliste et occulte, et/ou si elle crée, par le biais de ses romans (que nous examinerons dans le contexte plus large de ses autres productions, tant littéraires que picturales), un système entièrement alternatif. Nous explorerons les nouvelles directions narratives, littéraires et artistiques que prend le genre romanesque sous son impulsion.