Thèse soutenue

Modifications dans la prise de décision au cours du vieillissement normal et dans le cadre de la maladie d’Alzheimer : liens avec les fonctions exécutives, la mémoire de travail et la mémoire épisodique

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Auteur / Autrice : Fanny Gaubert
Direction : Hanna Suchocka-ChainayCéline Borg
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neuropsychologie
Date : Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs (Lyon)
Jury : Président / Présidente : Pascal Hot
Examinateurs / Examinatrices : Hanna Suchocka-Chainay, Pierre Krolak-Salmon
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Bayard, Lucie Angel

Résumé

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Le vieillissement, normal et pathologique, entraine des modifications cognitives pouvant impacter la capacité à prendre des décisions. Bien que cette dernière conditionne l’autonomie, aucune étude n’a questionné de façon systématique les liens entre ses modifications et celles touchant les fonctions cognitives. Objectif : Ce travail de thèse visait 1) à spécifier les particularités de la capacité à prendre des décisions des adultes âgés sans trouble neurocognitif ou atteints de la maladie d’Alzheimer (MA) à un stade léger ; et 2) à mettre en lien ces spécificités avec les modifications que subissent les fonctions exécutives, la mémoire de travail et la mémoire épisodique au cours du vieillissement normal et pathologique. Méthode : Trois études ont été menées, dont deux s’intéressant au vieillissement normal et une au stade léger de la MA. Pour toutes, la prise de décisions était évaluée avec l’Iowa Gambling Task (IGT) et une tâche de scénarios inspirés de situations de la vie quotidienne, sous deux conditions (i.e., sous risque et sous ambiguïté). L’objectif de l’étude 1 était d’analyser les liens que partage la capacité à prendre des décisions avec les fonctions exécutives (i.e., la flexibilité mentale, l’inhibition et la mise à jour) et la mémoire de travail, dans le vieillissement normal. Cinquante adultes âgés (62-87 ans) ainsi que 50 adultes jeunes (18-32 ans) ont été inclus. L’étude 2, visait à mettre en lumière les liens entre la capacité à prendre des décisions et la mémoire épisodique (i.e., processus de recollection et de familiarité) dans le vieillissement normal. Trente adultes âgés (60-83 ans) ainsi que 30 adultes jeunes (18-30 ans) ont été inclus. Enfin, avec le même protocole que l’étude 1, l’étude 3 visait à montrer les liens unissant la prise de décisions, les fonctions exécutives et la mémoire de travail chez des patients atteints de la MA à un stade léger. Vingt adultes âgés contrôles et 20 patients ont été inclus. Résultats : Les études 1 et 2 ont montré, comparativement aux adultes jeunes, une difficulté des adultes âgés à adapter leurs décisions au cours de l’IGT et une aversion au risque et à l’ambiguïté plus importante dans la tâche de scénarios. Par ailleurs, les adultes âgés s’appuyaient davantage sur le pourcentage de certitude pour élaborer leurs choix, quel que soit le contexte (i.e., gain vs. perte). Adultes jeunes et âgés se montraient toutefois sensibles à l’effet de contexte. Les études 1 et 2 ont respectivement montré une implication des processus inhibiteurs et du processus de familiarité sur la capacité à prendre des décisions. L’étude 3 a montré une plus grande difficulté à conserver une stratégie stable à l’IGT chez les patients atteints de la MA que chez les adultes âgés contrôles. Pour la tâche de scénarios, en condition sous ambiguïté, adultes âgés contrôles et patients atteints de la MA adoptaient la même attitude face à l’ambiguïté et ajustaient autant leurs décisions au pourcentage de certitude de l’option non-ambiguë. En condition sous risque, les patients atteints de la MA ajustaient leur décision aux pourcentages de certitude uniquement en contexte de gain. Toutes les fonctions cognitives évaluées (i.e., inhibition, flexibilité mentale, mise à jour et mémoire de travail) expliquaient en partie les performances des adultes âgés contrôles et des patients atteints de la MA aux tâches décisionnelles. Discussion : Le vieillissement normal comme la MA entrainent des modifications dans la prise de décision. Les adultes âgés avec et sans trouble cognitif prennent des décisions plus sécuritaires que les adultes jeunes, permettant, d’après la Socioemotional Selectivity Theory, d’optimiser leur bien-être. Déjà au stade léger de la MA, l’effet de contexte semble s’affaiblir. Remettant partiellement en question le modèle de Schiebener et Brand (2015), des processus cognitifs dépendant de la voie analytique semblent également intervenir dans la prise de décision sous ambiguïté.