Thèse soutenue

Mobilité, frontière et espace : Une histoire de la route Bagdad-Damas, 1923-1939

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Auteur / Autrice : César Jaquier
Direction : Sylvia ChiffoleauJordi Tejel Gorgas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 26/09/2022
Etablissement(s) : Lyon 2 en cotutelle avec Université de Neuchâtel (Neuchâtel, Suisse)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Lyon ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Chantal Verdeil
Examinateurs / Examinatrices : Valeska Huber, Philippe Pétriat
Rapporteurs / Rapporteuses : Chantal Verdeil, Cyrus Schayegh

Résumé

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Au lendemain de la Première Guerre mondiale, une nouvelle route se développe entre Damas et Bagdad à travers le Désert de Syrie, à la faveur du développement de services de transport motorisé. Cette route relie des régions de l’ancien Empire ottoman au sein desquelles se forment des États territoriaux distincts durant l’entre-deux-guerres. Elle connecte également des zones d’influence française et britannique. Cette thèse explore les interactions entre mobilité, espace et États dans le Moyen-Orient post-ottoman en présentant une histoire de la route Bagdad-Damas au cours des années 1920 et 1930. Il s’agit tout d’abord d’explorer le développement de cette route à partir de 1923, en examinant les formes préexistantes de mobilité transdésertique, le développement d’un nouveau système de transport et ses conséquences sur la mobilité. La thèse souligne l’influence combinée de multiples facteurs humains, technologiques et environnementaux dans ce processus. Ce faisant, elle démontre que la mobilité transdésertique s’accélère, s’intensifie et se diversifie, sans pour autant que ces tendances ne se manifestent de manière égale et uniforme. La circulation des personnes, des biens et des marchandises reste soumise à de nombreux obstacles, dangers et restrictions.Cette thèse explore ensuite comment le développement de la route Bagdad–Damas donne lieu à des interactions entre des acteurs aux intérêts convergents et divergents. Le nouvel itinéraire transdésertique suscite des conflits, des compromis et des formes de coopération entre acteurs locaux, nationaux, internationaux et impériaux. Enfin, il s’agit d’examiner les implications de la mobilité transdésertique sur l’organisation spatiale et territoriale des régions limitrophes du Désert de Syrie. La thèse soutient que la mobilité transdésertique joue un rôle majeur dans la formation et la consolidation des États de Syrie et d’Irak et de leur frontière, tout en contribuant à l’émergence d’un espace régional chevauchant les frontières, ainsi qu’à l’intégration de cet espace syro-irakien dans des réseaux de mobilité transrégionaux. En somme, cette thèse démontre que le développement de la route Bagdad-Damas révèle et accentue une série de tensions : a) entre mobilité et immobilité ; b) entre des acteurs non étatiques et les États mandataires ; c) entre la formation d’États territoriaux et les processus d’intégration régionale et mondiale. Cette thèse entend ainsi montrer les effets multiples que le développement de la route Bagdad-Damas a eu sur la mobilité, l’espace et les États, ainsi que sur les acteurs impliqués, générant à la fois concorde et conflit, coopération et compétition, intégration et division.