Modélisation et caractérisation in vivo des propriétés neuromusculaires des enfants et adolescents atteints de paralysie cérébrale pour la personnalisation des analyses et des simulations musculosquelettiques de leur locomotion
Auteur / Autrice : | Axel Koussou |
Direction : | Raphaël Dumas |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biomécanique |
Date : | Soutenance le 15/12/2022 |
Etablissement(s) : | Lyon 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Mécanique, Energétique, Génie Civil, Acoustique (Villeurbanne ; 1993-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Biomécanique et Mécanique des Chocs |
Jury : | Président / Présidente : Raphaël Gross |
Examinateurs / Examinatrices : Raphaël Dumas, Hélène Pillet, Eric Desailly, Sonia Duprey, Morgan Sangeux | |
Rapporteur / Rapporteuse : Raphaël Gross, Hélène Pillet |
Résumé
Les personnes avec paralysie cérébrale présentent des troubles neuromusculaires qui impactent leur qualité de marche, en engendrant, entre autres, une hyper-résistance à l’étirement. Cette dernière se compose d’une part non-neurale, résultant de la modification des propriétés tissulaires, et d’une part neurale, dont une partie vitesse-dépendante, appelée spasticité. Néanmoins, l’évaluation clinique actuelle de l’hyper-résistance à l’étirement présente de nombreuses limites, parmi lesquelles un manque d’objectivité et de discernement entre les deux parts la composant. L’utilisation de dynamomètres portables pour instrumenter l’évaluation clinique vise à corriger ces limites. Notre travail de recherche a contribué au développement et à la validation d’un protocole de mesure de l’hyper-résistance à l’étirement, consistant en une série d’étirements passifs réalisés à deux vitesses, lente et rapide, et sous cinq positions différentes. Tout d’abord, la faisabilité de ce protocole a été étudiée sur un échantillon de jeunes avec paralysie cérébrale et de jeunes asymptomatiques. Sa répétabilité intra- et inter-évaluateur, sa sensibilité aux artefacts de tissus mous, ainsi que ses bénéfices par rapport à d’autres protocoles de la littérature moins sophistiqués ont été évalués. Ce protocole s’est révélé être répétable, pertinent et faisable en clinique pour évaluer l’hyper-résistance à l’étirement du membre inférieur. Par la suite, l’exploitation des étirements à vitesse lente, nous a permis à l’aide d’un modèle musculosquelettique, original et simplifié, d’obtenir la contribution des structures passives durant la marche, en distinguant les parts uni- et biarticulaires. De manière intéressante, il est apparu que les structures passives des enfants atteints de paralysie cérébrale participaient de manière non-négligeable à différents instants du cycle de marche, mais également de manière comparable à celles d’enfants typiquement développés, et ce, malgré une raideur passive plus importante. Néanmoins, pour marcher avec une cinématique saine, les enfants atteints de paralysie cérébrale, devraient surmonter des moments passifs trop importants. Les données recueillies lors des étirements à vitesse rapide nous ont permis d’évaluer la spasticité. Pour cela, afin de quantifier l’augmentation du moment résistif uniquement dû au réflexe en la distinguant d’un simple effet visqueux, plusieurs modèles viscoélastiques, proposés dans la littérature, ont été évalués, à l’aide d’une approche originale, basée sur la généralisation à de nouvelles données. Finalement, un modèle s’est montré être plus performant que les autres et nous a permis de quantifier, avec une incertitude connue, le moment résultant du réflexe. Nous avons observé une variabilité de ce moment chez l’enfant atteint de paralysie cérébrale, appuyant le besoin d’une évaluation personnalisée. Les possibles occurrences de la spasticité lors de la marche ont également été évaluées après avoir déterminé les seuils de vitesse d’allongement musculaire auxquels apparaissent la spasticité lors d’étirements passifs, à l’aide d’une nouvelle méthode, plus cohérente physiologiquement, basée sur la cinématique enregistrée pendant l’étirement. Cette approche nous a alors permis de distinguer les patients présentant une expression probable de spasticité pendant la marche et ceux présentant une absence probable de spasticité. Finalement, les travaux ont permis de mieux comprendre les mécanismes entourant l’hyper-résistance à l’étirement des différents complexes musculo-articulaire du membre inférieur et son impact pendant la marche. La différenciation quantitative des facteurs non-neuraux et neuraux dans la paralysie cérébrale ouvre des perspectives intéressantes sur la personnalisation de la stratégie thérapeutique, sur l’effet de différents traitements et sur la compréhension des phénomènes physiopathologiques. Des études de cas sont proposées pour illustrer ce propos.