Thèse soutenue

Rôle des différents partenaires de la mémoire humorale cellulaire dans le maintien de la mémoire humoral sérologique

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Auteur / Autrice : Katia Lefsihane
Direction : Olivier Thaunat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie
Date : Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Lyon 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Biologie Moléculaire Intégrative et Cellulaire (Lyon ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre international de recherche en infectiologie (Lyon ; 2013-....)
Jury : Président / Présidente : Fabienne Venet
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Thaunat, Lionel Couzi, Sophie Caillard
Rapporteurs / Rapporteuses : Lionel Couzi, Sophie Caillard

Résumé

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La protection robuste et persistante contre les pathogènes assurée par l’immunité humorale, repose sur les plasmocytes à longue durée de vie (LLPCs) sécréteurs d’anticorps neutralisant et les lymphocytes B mémoires (LB mémoires) capables de se différencier rapidement en plasmocytes en cas de réinfection. Cependant, la mémoire humorale constitue également une barrière significative au succès de la transplantation d'organes solides, en raison de la génération chez le receveur d’anticorps De novo reconnaissant les molécules HLA allo-géniques du donneur sur le greffon. Ces anticorps anti-donneur (DSA), insuffisamment réprimés par les immunosuppresseurs actuels, conduisent au rejet médié par anticorps, première cause de perte du greffon. De plus, la présence chez des patients sensibilisés de DSA préformés, réduit drastiquement leur accès à la transplantation. Le Bortezomib (BTZ), une chimiothérapie éliminant les plasmocytes tumoraux et non tumoraux, s’est avéré décevant en transplantation car incapable de réduire les titres des DSA. Au cours d’une étude réalisée chez des primates sensibilisés par une allogreffe de peau, les auteurs ont proposé que cet échec thérapeutique était la conséquence d'un remplacement des plasmocytes par les LB mémoires, en réponse à leur élimination par le BTZ. En outre, des données récentes suggèrent l’existence d’une population Tfh mémoire circulante, capable d’apporter rapidement de l’aide aux LB mémoires lors d’un nouveau contact antigénique. Face à ce tableau, nous avons voulu mieux comprendre les liens entre les différentes couches de la mémoire humorale, sérologique avec les LLPCs et cellulaire avec les LB et Tfh mémoires et comment ces différents acteurs immunitaires participent au maintien des titres d’anticorps au long cours. Pour cela, nous avons développé un modèle murin dans lequel nous avons généré une mémoire humorale persistante contre un antigène protéique modèle le NP-KLH. Nous avons dans un second temps, induit l’élimination de la couche humorale mémoire sérologique afin d’étudier la persistance de la couche humorale mémoire cellulaire et son implication dans le maintien de la mémoire sérologique. Nos résultats nous ont permis d’invalider l’idée d’un mécanisme purement homéostatique qui dirigerait la réactivation des compartiments mémoires B et T, en réponse à l’élimination du compartiment plasmocytaire mémoire. La stimulation bystander des LB mémoire et Tfh mémoires ne semble pas non plus être un mécanisme intervenant dans la régénération plasmocytaire et le maintien des titres d’anticorps. Toutefois, dans notre modèle murin, la réexposition à l’antigène NP-KLH a entrainé une reconstitution des niches plasmocytaires et un rebond massif de la production d’anticorps spécifiques de l’antigène. Afin d’évaluer la contribution de chacun de ces deux types de cellules mémoires, LB ou Tfh, à la production d’anticorps induite, nous avons développé différentes stratégies vaccinales pour obtenir des animaux ayant soit des LB mémoires soit des Tfh mémoires spécifiques d’un antigène donné. Nos résultats montrent qu’en réponse à leur réexposition à l’antigène, les LB mémoires semblent être capables d’intensifier à eux seuls la réponse anticorps mémoire là où les Tfh mémoires échouent à le faire lorsqu’ils collaborent uniquement avec des LB naïfs. Toutefois, ces Tfh mémoires jouent un rôle clé au près des LB mémoires en potentialisant leur activation et la production d’anticorps. Ce travail souligne l’importance d’inclure la surveillance de la mémoire humorale cellulaire à celle de la mémoire humorale sérologique chez les candidats à la greffe, afin d’obtenir une meilleure stratification de leur risque immunologique et de pouvoir ainsi affiner la stratégie thérapeutique immunosuppressive.