Thèse soutenue

Mémoire à long-terme de la douleur chez l’Homme : étude sur le conditionnement douloureux en Réalité Virtuelle Immersive

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Auteur / Autrice : Argitxu Caldichoury
Direction : Maud Gaëlle Frot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 09/12/2022
Etablissement(s) : Lyon 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (Bron ; Saint-Priest-en-Jarez ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Nadine Ravel
Examinateurs / Examinatrices : Philip L. Jackson, Pierrick Poisbeau, Pierre Krolak-Salmon, Sophie Baudic
Rapporteurs / Rapporteuses : Philip L. Jackson, Pierrick Poisbeau

Résumé

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La douleur, pouvant être vécue et mémorisée comme un évènement traumatique, peut influencer les douleurs futures ainsi que favoriser le développement d’une douleur chronique. Au même titre qu’il existe dans la mémorisation d’un événement traumatique des associations fortes avec la mémorisation du contexte et les émotions associées à l’évènement, des mécanismes similaires sont susceptibles de survenir pour la douleur. Pourtant, peu d’études se focalisent sur la compréhension des mécanismes sous-tendant la mémorisation à long-terme de la douleur. La première étude préliminaire de ce projet de thèse vise à introduire la mémorisation explicite de la douleur, en se focalisant sur les processus de la mémoire à court-terme de la douleur par le biais d’électroencéphalographie (EEG) à haute densité. La mémoire à court-terme d’un stimulus nociceptif est associée à une augmentation focale des oscillations alpha, qui progressent de régions bilatérales occipitales (cuneus et gyrus occipital médian) vers les gyri supérieur droit et temporal médian pendant la phase de mémorisation. Ces résultats suggèrent que les oscillations alpha, bien qu’indicatrices de processus inhibiteurs, peuvent également refléter indirectement un traitement actif du stimulus, tel que le maintien temporaire des informations en mémoire, tout en filtrant celles qui sont non-pertinentes ou perturbatrices des régions cérébrales engagées dans des processus internes. La seconde et principale étude de cette thèse se concentre sur la mémoire implicite associée à la douleur : elle vise à étudier comment un conditionnement contextuel aversif (douloureux et non-douloureux) peut moduler la perception de l’environnement conditionné ainsi que la mémoire implicite de son contenu. Un protocole de conditionnement contextuel aversif a été réalisé avec un environnement « écologique » modélisé en Réalité Virtuelle immersive. L’environnement est un appartement à 3 pièces (cuisine, salle-de-bain et salon), chacune étant associée à un stimulus spécifique : (i) douloureux, une stimulation électrique et tonique induite sur la main gauche : (ii) non-douloureuse, des sons aversifs ; ou (iii) pas de stimulation, servant de contrôle. Cinquante-neuf sujets sains ont participé au protocole de conditionnement : les sujets immergés devaient entrer dix fois dans chacune des pièces, durant lesquels les différentes stimulations étaient délivrées en fonction de leur pièce attribuée. L’évaluation de la perception de l’environnement a été focalisée sur la valence attribuée à chaque pièce (mesurée avec l’échelle du Self-Assessment Manikin). La mémoire implicite du contenu de l’environnement a été mesurée avec un paradigme d’images floutées (temps de réaction d’identification d’objets). Ces mesures ont été faites à plusieurs instants : pré-conditionnement (valence uniquement), post-conditionnement, le jour-suivant et deux semaines plus tard. Les résultats comportementaux ont montré que les deux types de conditionnement aversif ont provoqué une diminution de la valence de la pièce associée, en particulier pour la condition douleur, jusqu’à deux semaines post-conditionnement. L’analyse des temps de réaction a révélé un effet genre à chaque instant de mesure : les femmes ont identifié plus rapidement les objets de la pièce douleur comparées aux hommes, ce qui s’est traduit en un temps de réaction significativement plus bas pour les objets de la pièce douleur comparé à celui des objets des pièces non-douleur et contrôle exclusivement chez les femmes. Ces résultats suggèrent que l’aversion, en particulier la douleur, peut moduler à long-terme la perception du contexte associé ainsi que la mémoire implicite de son contenu.