Thèse soutenue

Reconstruction du cartilage nasal par impression 3D et ingénierie tissulaire : le projet NASALTIS

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Auteur / Autrice : Delphine Vertu-Ciolino
Direction : Frédéric Mallein-GérinJean-Daniel Malcor
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire et ingénierie tissulaire
Date : Soutenance le 09/12/2022
Etablissement(s) : Lyon 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Biologie Moléculaire Intégrative et Cellulaire (Lyon ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Biologie tissulaire et d'ingénierie thérapeutique (Lyon ; 2013-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Christophe Farges
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Mallein-Gérin, Jean-Daniel Malcor, Magali Demoor, Delphine Logeart, Émeline Perrier-Groult
Rapporteur / Rapporteuse : Magali Demoor, Delphine Logeart

Résumé

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Le projet repose sur l'association de trois équipes qui ont mis en commun leur expertise pour permettre ce travail interdisciplinaire associant la biologie cellulaire, l'impression 3D, et des compétences chirurgicales. Il s'agit de fabriquer une prothèse de cartilage de la cloison nasale humaine par impression 3D et ingénierie tissulaire. La chirurgie reconstructrice du nez se heurte souvent au manque de cartilage. Le cartilage de la cloison nasale est la pièce maîtresse du nez. Son rôle est à la fois morphologique pour donner la forme projetée spécifique du nez humain, et fonctionnel pour maintenir perméable les fosses nasales au moment de l'inspiration. Ainsi la cloison nasale a un rôle à la fois morphologique et fonctionnel majeur.Malheureusement, le nez est un organe exposé au traumatisme ou aux pertes de substance en cas d'exérèse de tumeur maligne. De plus, le cartilage est un tissu avasculaire, ce qui entraînement une absence de capacités de régénération. La reconstruction du nez doit donc faire appel à des greffons de cartilage autologue prélevés au niveau du cartilage de l'oreille ou du cartilage des côtes, au prix d'une morbidité du site donneur pour le patient. Des implants alloplastiques existent, mais présentent un risque très élevé de surinfection et de rejet. C'est pourquoi les chirurgiens se tournent aujourd'hui vers l'ingénierie tissulaire pour éviter ces écueils. Les propriétés mécaniques du cartilage sont très importantes et doivent être imitées par le tissu construit en ingénierie tissulaire. Nous avons imaginé un concept de prothèse de cloison nasale associant un support structurel fabriqué dans un matériau de grade médical, de structure poreuse, imprimable en 3D, recouvert d'un gel de fibrine chargé de chondrocytes nasaux humains, pour répondre aux enjeux mécaniques et améliorer l'immunotolérance du tissu construit. Les chondrocytes nasaux humains sont obtenus par dons de résidus opératoires auprès de patients ayant donné leur consentement. L'amplification des chondrocytes, puis leur culture en hydrogel de fibrine, ont été réalisés en utilisant des facteurs solubles chondrogéniques, selon un protocole qui avait déjà montré son efficacité sur des chondrocytes nasaux et articulaires, au contact de différents supports liquides ou solides.Au cours de la première partie de notre étude, nous avons sélectionné un matériau parmi deux matériaux-candidats, en testant l'imprimabilité de chaque matériau, et sa biocompatibilité avec des chondrocytes nasaux en hydrogel de fibrine, après 3 semaines de culture in vitro, puis 6 semaines de culture in vivo sous la peau de la souris nude. Les essais d'imprimabilité, puis les analyses en PCR, en Western Blot réalisées après 3 semaines in vitro puis après 6 semaines in vivo, de la matrice extracellulaire du tissu obtenu, ont permis de retenir un silicone de grade médical. Dans la deuxième partie de notre étude, le matériau sélectionné a été imprimé selon une forme inspirée des techniques chirurgicales actuelles. Ce support à taille réelle a subi des tests mécaniques pour atteindre un module d'Young proche du cartilage de la cloison native. Ensuite, il a été recouvert d'un gel de fibrine chargé de chondrocytes nasaux et cultivé pendant 3 semaines in vitro. La qualité de la matrice extracellulaire obtenue autour du support a été analysée par des tests d'immunofluorescence sur le collagène de type II. La manipulabilité de la prothèse de cloison nasale construite, et sa capacité à soutenir le dos du nez pour lui rendre sa forme et sa fonction, ont été testés par des essais sur cadavres, car il n'existe pas de modèle animal pour le nez humain. Notre étude a permis de sélectionner un matériau imprimable et biocompatible pour les chondrocytes nasaux, puis de fabriquer une prothèse de cloison nasale humaine associant des chondrocytes humains nasaux.