Thèse soutenue

Contagion émotionnelle chez l'humain : étude de la transmission des émotions positives via les odeurs endogènes et exogènes véhiculées par le corps

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Auteur / Autrice : Stéphane Richard
Direction : Camille FerdenziMoustafa BensafiBénédicte Race
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences cognitives
Date : Soutenance le 26/09/2022
Etablissement(s) : Lyon 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (Bron ; Saint-Priest-en-Jarez ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Anne Didier
Examinateurs / Examinatrices : Camille Ferdenzi, Moustafa Bensafi, Sylvain Delplanque, Yvonne Delevoye-Turrell, Marc Mehu
Rapporteur / Rapporteuse : Sylvain Delplanque, Yvonne Delevoye-Turrell

Résumé

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Chez l’être humain l’odeur du corps d’un individu semble être porteuse d’informations de nature très variée à son sujet, et ces molécules une fois captées par d’autres individus semblent causer des effets à la fois cognitifs et physiologiques chez ces derniers. La littérature montre que les individus sont capables de collecter des informations sur des traits constants ainsi que sur des états transitoires d’une personne, en étant exposés à son odeur uniquement, et ceci de manière non consciente. Parmi les états internes transitoires étant communiqués via le sens olfactif, un facteur a récemment été l’objet d’études prometteuses : les odeurs corporelles semblent également être porteuses d'informations sur les émotions ressenties par la personne qui les émet. Ces études se sont concentrées sur le cas des émotions négatives, mettant de côté les états positifs pourtant porteurs de bénéfices majeurs pour les individus, les groupes, et la société. Outre ces lacunes, une autre zone d’ombre prend forme lorsque l’on s’intéresse à un facteur allant souvent de pair avec nos odeurs corporelles naturelles : les odeurs exogènes. L’être humain se parfume depuis l’antiquité et ces odeurs rajoutées par-dessus notre odeur endogène peuvent, logiquement, interagir avec celle-ci. Le but de cette thèse a été de tenter d’éclaircir ces zones d’ombres multiples pour comprendre si une transmission des états émotionnels positifs via le sens olfactif existait chez l’humain, et quelle potentielle modulation le parfum pouvait avoir sur celle-ci. Pour cela, nous avons mis en place dans une première étude un paradigme expérimental chez des « donneurs », de qui nous avons collecté les odeurs corporelles pendant qu’ils ressentaient des émotions positives ou non, puis les avons fait sentir dans un deuxième temps à des « receveurs », chez qui nous avons effectué des mesures physiologiques, verbales, et comportementales. Nos résultats montrent que cette transmission semble être possible et qu’il s’agirait même non seulement d’une transmission mais d’une « contagion », des indices de l’affect positif des donneurs étant retrouvés chez les receveurs après exposition aux odeurs des premiers. Dans une deuxième étude, nous avons testé cette fois-ci une méthode potentiellement plus efficace et écologique d’induire des émotions : via réalité virtuelle. Les résultats de l’étude 1 n’ont pas été répliqués, ce qui nous a fait prendre conscience de la nature subtile et hautement dépendante du contexte de ces signaux chimiques. Nous avons alors décidé d’augmenter encore le niveau de « réalisme » en menant une troisième étude faite à domicile. Dans cette étude les donneurs et receveurs vivaient sous le même toit en tant que colocataires ou couples, ce qui nous a permis d’explorer l’impact de la nature de la relation liant les deux partenaires communicants, ainsi que des niveaux de sociabilité de ceux-ci. La dernière étude est une preuve de concept et rend compte du développement méthodologique d’un outil pour mieux étudier les bases chimiques liées à ce type de communication, via la captation par des polymères des molécules odorantes au niveau du cou et des aisselles de participants, par la suite analysés en GC-MS. Dans les trois premières études le faisceau d’évidences pointe vers un effet non perturbateur du parfum sur la communication chimique des émotions positives, avec même pour certaines mesures verbales un potentiel synergique du parfum et de l’odeur corporelle positive qui mettrait en avant des caractéristiques de cette dernière. Finalement, un papier hybride mêlant opinion, revue de la littérature et présentant également quelques données expérimentales, s’intéresse aux multiples défis et obstacles que doit surmonter le domaine de la communication chimique chez l’humain, dont tous ont été rencontrés au cours de cette thèse, et certaines pistes de réflexion ainsi que des perspectives sont abordées.