Les Trois provinces entre Russie et Turquie (1918-1921) : un défi aux territorialisations étatiques
Auteur / Autrice : | Ahmet Ersat Aydin |
Direction : | Didier Francfort |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 17/12/2022 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Lorraine) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche sur les cultures et les littératures européennes (Nancy) |
Jury : | Président / Présidente : Alexandre Toumarkine |
Examinateurs / Examinatrices : Didier Francfort, Odile Moreau, Taline Ter Minassian, Paul Gradvohl | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Odile Moreau, Taline Ter Minassian |
Résumé
Le cœur du questionnement porte sur l'impact sur les Trois provinces (Elviye-i Selâse) de trois processus combinés et partiellement successifs : la déprise du pouvoir russe ; l'installation de l'emprise ottomane-turque ; l'affirmation de centres régionaux face aux centres que sont Moscou et Istanbul. Processus auxquels il faut ajouter les dimensions relatives aux groupes religieux et ethniques locaux, extrêmement complexes même si les Arméniens des trois provinces ont échappé aux problèmes de 1915-1917. Dans ce contexte les Trois provinces (nom turc de cette région) que la Turquie a perdues en 1878 et qu'elle a provisoirement reprises en 1918, sont marquées par des dynamiques locales qui se sont articulées avec la construction de l'État turc au sortir de la Première Guerre mondiale, et plus largement avec les transformations rapides des équilibres stratégiques entre 1917 et 1921 dans une zone marquée par le croisement entre trois grandes lignes de force : l'expansion russe vers la Méditerranée (même si elle est provisoirement en suspens) ; la ligne transversale représentée par la stratégie britannique d'isolement des mers chaudes face à l'expansion russe ; la ligne d'expansion turque (et non plus ottomane) vers l'Asie centrale turcophone (le Touran) qui s'étend du nord de la Turquie actuelle à l'ouest de la Chine. Or à ces axes internationaux correspondent, sur le plan régional (Caucase du sud), des logiques transnationales qui explique la création, sous égide sociale-démocrate à partir de la révolution bolchevique, du Sejm (Assemblée) transcaucasien, qui signa avec la 3e Armée turque l'armistice d'Erzincan le 5 décembre 1917. Mais l'existence d'une entité régionale résulte avant tout de la décomposition politique de l'Empire russe, et d'une affirmation complexe des diverses nationalités de la région, dont les Arméniens qui, en 1917, semblaient mieux organisés (bien sûr côté russe). Il s'agit donc d'une monographie régionale centrée sur les interactions entre les acteurs locaux, régionaux, et extérieurs. Les diverses puissances étatiques en conflit pour la région pouvaient être assez éloignées (l'action des troupes britanniques et italiennes est ici très intéressante).