Thèse soutenue

Le "Chant du monde" de Jean Giono : devenir d'un manifeste eco- et géopoétique

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Auteur / Autrice : Charlotte Ladevèze
Direction : Aude Préta-de BeaufortRotraud von Kulessa
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, Littératures et Civilisations
Date : Soutenance le 05/12/2022
Etablissement(s) : Université de Lorraine en cotutelle avec Universität Augsburg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Littératures, Imaginaire, Sociétés (Nancy)
Jury : Président / Présidente : Alain Romestaing
Examinateurs / Examinatrices : Aude Préta-de Beaufort, Rotraud von Kulessa, Pierre Schoentjes
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Romestaing, Pierre Schoentjes

Résumé

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« Vous qui êtes français, dites-moi pourquoi, dans tout votre trésor littéraire, vous n'avez pas de livres remèdes ? Pourquoi vous ne pensez jamais aux désespérés ? Tous vos livres disent non à la vie » déplore Mlle Amandine dans un texte de L'Eau vive paru entre 1934 et 1935. Il semblerait que Giono se propose de palier ce manquement puisque son œuvre, en réintégrant le corps dans « la chair du monde » dont parle Maurice Merleau-Ponty, soit cet enchevêtrement qui lie l'être charnel à l'univers, pourrait bien appartenir à ces « livres remèdes » aux maux de la terre. Dès le début de sa carrière d'écrivain, l'auteur propose en effet, dans un véritable manifeste écopoétique intitulé « Le chant du monde » (1932), de revoir l'importance accordée aux éléments naturels dans ses écrits. Il affirme vouloir redonner à cette « société d'êtres vivants » la place qui lui revient dans l'œuvre littéraire et ne plus isoler le personnage-homme mais le montrer « traversé, imbibé, lourd et lumineux des effluves, des influences, du chant du monde ». Toujours il interroge le lien entre les êtres humains et leur environnement jusqu'à donner les fondements d'une véritable écosophie, à comprendre comme « une sagesse de l'habiter », dont nous trouvons la consécration dans ses danses environnementales. Danse, être poreux, pour Que [t]a joie demeure !Dans cette thèse en cotutelle franco-allemande, nous proposerons, à la lumière d'approches théoriques géo- et écocentrées, d'interroger le devenir du « chant du monde » dans la production gionienne. Nous mettrons l'accent sur le mouvement : celui proposé par le décentrement d'une pensée anthropocentrique grâce aux théories géo- et écocentrées ; celui perceptible dans l'évolution de la réception de la thématique environnementale de l'œuvre au cours de l'Histoire ; mais aussi celui qui lie langue et corps chez Giono dans la géo-graphie proposée par les textes. Si les livres de l'écrivain peuvent proposer un quelconque « remède » aujourd'hui, peut-être est-ce en réenchantant notre connexion au monde afin d'offrir d'autres manières d'habiter l'oikos : l'habiter en danseur.Mots-Clés : Jean Giono, chant du monde, livre remède, écopoétique, géopoétique, réception, géo-graphie, danse environnementale, écosophie.