Phytostabilisation de stériles de mines de terres rares à argiles ioniques avec la plante à fibres ramie (Boehmeria nivea L.)
Auteur / Autrice : | Chang Liu |
Direction : | Jean-Louis Morel, Rongliang Qiu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences agronomiques |
Date : | Soutenance le 16/05/2022 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine en cotutelle avec Sun Yat-sen University |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire sols et environnement (Vandoeuvre-les-Nancy ; 1999-2010) |
Jury : | Président / Présidente : Marie-Odile Nicolas-Simonnot |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Louis Morel, Rongliang Qiu, Alan J. M. Baker, Qi Tang Wu, Ye-Tao Tang, Shizhong Wang, Françoise Watteau | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Alan J. M. Baker, Qi Tang Wu |
Mots clés
Résumé
Les gisements à argiles ioniques sont l’une des principales sources mondiales de REEs lourdes (HREEs). Leur exploitation a engendré de vastes surfaces de stériles miniers, qui sont une menace sérieuse pour l'environnement et la santé des populations voisines. La restauration des écosystèmes nécessite des solutions efficaces et adaptées à de telles surfaces. La phytostabilisation repose sur l’installation de plantes avec ou sans amendement et, en général, utilise des plantes tolérantes. Mais des plantes à intérêt économique peuvent être envisagées. La ramie est une plante vivace qui produit des fibres de haute qualité. Elle est potentiellement utilisable en phytostabilisation car tolérante aux métaux lourds. Mais cette option n’a pas été encore testée avec des REEs et dans des milieux difficiles (e.g. pH). C’est pourquoi cette thèse a étudié : (i) la tolérance de la ramie à des concentrations élevées de REEs ; (ii) la réponse de la ramie en termes de croissance et de développement sur des résidus miniers de REEs ; (iii) la faisabilité de la phytostabilisation avec la ramie et l’apport d'amendements et les conséquences sur l’évolution des propriétés du sol. L’approche générale a reposé sur des essais culturaux en conditions contrôlées, hydroponiques et en rhizotrons, et sur des essais en vraie grandeur conduits sur un ancien site minier de REEs. Les cultures hydroponiques ont montré que la biomasse de ramie n’est pas affectée par des concentrations faibles de REEs (1,6 à 80 μmol/L), tandis que des concentrations supérieures (160–800 µmol/L) inhibent la croissance. Les concentrations de P et Mo dans les racines augmentent avec l'augmentation des concentrations de REEs. Les processus d'absorption conduisent à une anomalie positive en Ce et à un enrichissement en HREEs dans les feuilles. L’expérience en rhizotron a montré l’intérêt de l’amendement organique. Il augmente le pH et les concentrations en éléments nutritifs (Ca, Mg, N, P), et diminue les REEs et l'Al extractibles (90%) ; la croissance et le développement de ramie sont alors favorisés. Seules les racines fines se développent durant les premiers mois d’expérience, tandis que 75% de la biomasse racinaire est représentée par les grosses racines après cinq mois. Elles contiennent 7–15% des REEs et 31–35% de l’Al absorbés par la plante. Ramie ne modifie pas la concentration des REEs extractibles, mais diminue celle d'Al dans les horizons supérieurs du sol. Le suivi pendant deux ans d’une expérimentation in situ de phytostabilisation avec apport d’amendement organique confirme les changements observés des propriétés chimiques du sol en surface (pH, éléments nutritifs, REEs et Al extractibles). Les grosses racines stockent plus de 60% des REEs et de l’Al absorbé. En plus de l'amélioration des propriétés du sol par l’amendement organique, les racines de ramie contribuent à l'apport de C, l'activation des nutriments et la stabilisation des éléments toxiques. Au plan des propriétés physiques du sol, la phytostabilisation augmente la porosité du sol, et favorise la différentiation du profil en horizons distincts. Les concentrations de REEs et d’Al extractibles dans les horizons traités sont significativement inférieures à celle des témoins. Les grosses racines sont observées dans l’horizon amendé, tandis que les racines fines atteignent 50 cm. L’observation des lames minces de sol a révélé des associations racines-minéraux, matière organique-minéraux et minéraux-minéraux, qui contribuent à l’édification de la structure du sol. En conclusion, la thèse a permis de mieux comprendre les mécanismes de tolérance de la ramie aux REEs, de montrer les effets de la plante sur la dynamique des REEs et des éléments nutritifs, et de décrire les processus pédogénétiques précoces qui suivent l’implantation, notamment les processus de structuration du sol. Au plan pratique, le travail a montré que la phytostabilisation de sites miniers difficiles est possible avec une plante à fibre à usage [...]