Impacts écotoxicologiques d’éléments terres rares à différents niveaux d’organisation biologique dans un réseau d’eau douce : approches intégrées en mésocosmes indoor
Auteur / Autrice : | Nicolas Lachaux |
Direction : | Laure Giamberini, Elisabeth M. Gross |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Écotoxicologie, biodiversité, écosystèmes |
Date : | Soutenance le 19/12/2022 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire des Environnements Continentaux (Vandoeuvre-lès-Nancy) |
Jury : | Président / Présidente : Carole Cossu-Leguille |
Examinateurs / Examinatrices : Laure Giamberini, Elisabeth M. Gross, Olivier Geffard, Jörg Schäfer, Séverine Le Faucheur, Catherine Mouneyrac, Arno Christian Gutleb | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Geffard, Jörg Schäfer |
Mots clés
Résumé
Les éléments terres rares (REE) représentent un groupe de 17 métaux composé des lanthanides, de l'yttrium et du scandium qui partagent des propriétés physicochimiques similaires. Ils ont de nombreuses applications, notamment dans les hautes technologies et la production d'énergie renouvelable. Les activités minières, industrielles, médicales, agricoles et les stations épuration (STEP) rejettent des REE dans les milieux aquatiques. Cela soulève des préoccupations concernant leur potentielle toxicité sur les organismes aquatiques qui reste encore mal comprise. L'objectif principal de cette thèse consistait à analyser la spéciation, la bioaccumulation et les effets biologiques de différents REE sur plusieurs espèces clés des écosystèmes dulçaquicoles dans la perspective d'évaluer le risque environnemental des REE de façon fiable et intégrée. Trois REE représentatifs du groupe ont été testés individuellement et en mélange : le néodyme (Nd), le gadolinium (Gd) et l'ytterbium (Yb). Une approche complémentaire combinant microcosmes (tests standardisés) et mésocosmes a permis d'étudier leur toxicité à différents niveaux d'organisation biologique chez cinq espèces appartenant à différents niveaux trophiques : l'algue unicellulaire Raphidocelis subcapitata, le macrophyte Myriophyllum spicatum, le crustacé Daphnia magna, le bivalve Corbicula fluminea et le poisson Danio rerio. Le devenir, la spéciation et la bioaccumulation des REE dans différents milieux d'exposition (avec ou sans matière organique dissoute = DOM ; avec différentes formes de phosphore) ont été étudiés par modélisation et en mesurant les concentrations de REE dans le milieu et dans les organismes afin de mieux comprendre les effets biologiques observés. Les résultats ont démontré de fortes relations entre spéciation, bioaccumulation et toxicité se manifestant par une diminution de la toxicité et/ou de la bioaccumulation de Nd, Gd et Yb chez toutes les espèces étudiées en présence de DOM et de phosphore inorganique (KH2PO4) qui ont complexé et précipité les REE réduisant leur biodisponibilité. Ces résultats ont mis en évidence l'importance de prendre en compte la spéciation, en utilisant les concentrations dissoutes mesurées et en remplaçant le phosphore inorganique par du phosphore organique, pour éviter une sous-estimation de la toxicité des REE. Nd, Gd et Yb ont été significativement accumulés par les espèces étudiées entraînant des effets toxiques aux niveaux individuel et subindividuel. La distribution interne de Nd, Gd et Yb et plusieurs effets observés indiquent que la perturbation de l'osmorégulation et de l'homéostasie élémentaire est un mécanisme d'action majeur des REE. Les trois REE ont eu des effets additifs en mélange quel que soit l'espèce et le milieu testés. En considérant l'ensemble des résultats et la présence simultanée des tous les REE dans l'environnement, nous avons proposé une approche originale d'évaluation du risque des REE en mélange plutôt qu'individuellement. La valeur seuil de toxicité du mélange de REE a été déterminée à 3,2 µg L-1 en utilisant une approche de distribution de la sensibilité des espèces (SSD). Le risque calculé à partir des tests monospécifiques, de la SSD et les résultats de l'expérience en mésocosme testant différentes espèces à trois niveaux trophiques ont montré que les rejets miniers et industriels actuels pouvaient fortement impacter tous les niveaux trophiques, en particulier les producteurs primaires. Pour le moment, les rejets de STEP représentent un risque limité mais nous avons mis en évidence que Gd, sous sa forme utilisée en imagerie médicale, pouvait être accumulé et induire des effets sur les organismes aquatiques. Le risque environnemental des REE est actuellement limité à quelques hotspots mais il pourrait se répandre dans le futur avec l'accroissement de l'utilisation et des rejets de REE.