Thèse soutenue

L'esthétique du récit criminel dans la littérature francophone contemporaine : le cas du Togo

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Auteur / Autrice : Kodzo Etonam Tsetse
Direction : Dominique Ranaivoson
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, Littératures et Civilisations
Date : Soutenance le 27/10/2022
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : ECRITURES - Centre de Recherche «écritures» (Metz)
Jury : Président / Présidente : Pierre Halen
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Ranaivoson, Sylvère Mbondobari, Françoise Naudillon, Kangni Alemdjrodo
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvère Mbondobari, Françoise Naudillon

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Partant du fait que certains auteurs togolais esthétisent le crime sous diverses formes, nous nous proposons de démontrer qu'il y a un ressort structurant et historique dans leurs œuvres qu'Alexie Tcheuyap qualifie d'« écrire rouge » (Yolaine Parisot : 2015). Dans les œuvres du corpus, le crime est sans cesse perçu comme fiction et histoire, et qui génère plusieurs formes du roman. Si des récits de Théo Ananissoh et de Kangni Alem semblent relever du récit policier, la distinction du genre devient ténue autant chez Edem Awumey et Edem Kodjo que chez Kossi Efoui. Car, leur écriture est portée, de part en part, par des crimes de masse. Pourquoi font-ils du crime le ressort structurant de leur poétique ? Tout porte à croire que cette esthétique découle de la violence politique contemporaine de l'Afrique. Malgré l'évidence de ce constat, notre travail consiste à interroger leur écriture à l'aune de leur pays natal - Togo - fortement soumis à la disjonction et/ou à la dislocation tant sur son essence temporelle que spatiale. Notre sujet s'éclaire dans trois dimensions : l'ambiguïté, l'énigme et l'étrangeté. La première passe par l'étude narratologique pour clarifier le corpus à partir de filiation, d'hybridité, de postmodernité et de parodie des récits. La seconde est l'énigme, et se présente sous deux ordres : l'énigme de l'écriture d'une Histoire qu'on a la peine à saisir et l'énigme que les auteurs poursuivent dans leurs œuvres, et qu'ils réécrivent pour répondre à l'« enjeu » (Yves Reuter : 2013) énigmatique du récit. Dans cette partie, nous avons étudié le fonctionnement de la figure du détective, du déserteur et du narrateur post-traumatique. C'est une actualisation du monde brutal dont la saillance est la disjonction du temps et de l'espace. La troisième dimension est l'étrangeté des œuvres du corpus. L'étude de cette dernière partie passe par l'intertextualité, l'intermédialité et la sociocritique. Il s'agit d'analyser les images, les intertextes et les sociolectes, dont le but est de démonter les masques et les simulacres orchestrés par les auteurs. En effet, Alem, Ananissoh, Awumey, Efoui et Kodjo ont tous eu recours aux postures, masques et stratégies pour asseoir leur poétique. L'Histoire politique apparaît comme une hantise de leurs œuvres. Cela montre que l'usage du carnaval, du simulacre, de la dissimulation et de la dérision permet d'atténuer la paralysie de la narration afin de contourner l'Histoire frappée d'impuissance à révéler la nature réelle des événements douloureux.