Moderniser Macao : travaux publics et aménagement urbain dans le réseau impérial, 1856-1919
Auteur / Autrice : | Regina da Luz Ferreira da Silva Campinho |
Direction : | Hélène Vacher, Luisa Trindade |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 14/02/2022 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine en cotutelle avec Universidade de Coimbra |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Lorraine) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'histoire de l'architecture contemporaine (Nancy) |
Jury : | Président / Présidente : José Augusto Mendes Ferreira |
Examinateurs / Examinatrices : Hélène Vacher, Luisa Trindade, Alice Caldeira Cabral Santiago Faria, Marta Cristina Cardoso de Oliveira, Jean-Marc Stébé, Maria Marques Calado De Albuquerque Gomes, Nuno Lopes | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Alice Caldeira Cabral Santiago Faria, Denis Bocquet |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Les années 1850 ont vu le début de la transformation et d'expansion planifiées du paysage urbain de Macao, sans précédent dans sa vitesse comme dans sa large portée territoriale, donnant le ton pour le développement urbain de la Région Administrative Spéciale (RAS) chinoise aujourd'hui. Mon travail cherche à documenter et à analyser ce processus à ses débuts, à travers une recherche sur les travaux publics et autres interventions urbaines directement commanditées ou fortement influencées par l'administration portugaise, dans le but d'interpréter comment cet environnement urbain en transformation à la fois représentait et conditionnait les dynamiques économiques, sociales et politiques du territoire, et ainsi combler une lacune dans les connaissances actuelles sur l'histoire de la transition de cette province portugaise en un paysage urbain moderne.Il se situe dans le contexte plus large de l'action et de l'administration portugaises dans l'outremer pendant le long 19ème siècle, son âge de l'impérialisme et le correspondant système urbain mondial, au sein duquel les principales villes du monde sont devenues progressivement interconnectées, échangeant en personnes, savoirs, images et idées, mais aussi en capital, en travail et en biens entre elles. Comme si le monde était devenu, grâce à l'influence du réseau des empires occidentaux, une vaste cité interdépendante, stimulée par le progrès des infrastructures de transports et communications.Dans ce sens, un des axes principaux de ma recherche est l'idée de l'impact globalisant de la modernisation à l'échelle de ce réseau impérial. Autrement dit, comment la modernisation de ces centres urbains est devenue un processus global à travers l'expansion des avancées technoscientifiques de la révolution industrielle, mais aussi de concepts culturels progressistes, tels que l'hygiène et la santé publiques, ou bien de nouveau modèles d'administration territoriale, tout comme des nouveaux instruments juridiques nécessaires à la mise en œuvre, par les états occidentaux, de cette panoplie d'intérêts matériels. Aussi, et même si en différentes mesures, ces transformations affectaient tous ces territoires interconnectés, indépendamment de leur situation géographique ou de leur prépondérance dans la hiérarchie coloniale de chaque état, qu'ils fussent des capitales, des villes provinciales métropolitaines ou des villes provinciales de l'outremer. Elles se tenaient au même moment, matérialisant les mêmes philosophies et utilisant les mêmes instruments techniques, scientifiques et juridiques, entrainant les caractéristiques reconnaissables de la ville moderne.Même si je me positionne dans la ligne de récents études post-coloniales essayant deproblématiser les mécanismes de l'impérialisme à travers l'architecture et l'urbanisme, mon objectif, n'est pas tant de montrer encore un exemple de modernisation dans le contexte colonial, ou d'illustrer un cas de modernité indigène chinoise, mais plutôt de présenter un cas d'étude local dans une perspective globale afin que, à son tour, cette analyse puisse contribuer à nourrir une narrative globale mieux informée des processus de modernisation urbaine.A titre complémentaire, ma thèse espère pourvoir contribuer également à renforcer les liens entre la recherche historique sur le sujet de la modernité urbaine occidentale dans le long 19ème siècle, et la réévaluation de sa valeur patrimoniale. Il s'agit d'une ambition plutôt opérationnelle, qui voit dans l'histoire de l'aménagement urbain moderne une ressource précieuse à l'élaboration de stratégies mieux informées et plus intégrées de conservation et de gestion des paysages urbains, que ce soit en rapport avec le Centre Historique de Macao, classé à l'UNESCO, ou avec n'importe quel autre contexte similaire à travers le monde européen où, par manque de connaissances sur le paysage urbain moderne, celui-ci puisse être victime de pressions diverses et irréversibles avec de graves dégâts patrimoniaux.