De Marguerite Donnadieu à la Duras et à M. D. : la construction d’une figure auctoriale à l’époque de la trilogie indochinoise
Auteur / Autrice : | Geoffrey Miltgen |
Direction : | Jean-Michel Wittmann |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues, Littératures et Civilisations |
Date : | Soutenance le 28/01/2022 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Nancy ; 2013-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : ECRITURES - Centre de Recherche «écritures» (Metz) |
Jury : | Président / Présidente : Paul Dirkx |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Wittmann, Sylvie Freyermuth, Béatrice Bloch, Anne Cousseau | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sylvie Freyermuth, Béatrice Bloch |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La réflexion portera sur l'œuvre de Marguerite Duras, auteure inclassable, complexe, et terreau fertile pour aborder l'épineuse question de la construction d'un mythe littéraire ou de ce que l’on appelle aujourd’hui une posture littéraire, qui est au cœur de ce projet de thèse. Le corpus a donc été défini en fonction de ce projet : les supports principaux de réflexion seront Un Barrage contre le Pacifique, L'Amant et L'Amant de la Chine du Nord, à un moment où l’auteur impose une figure auctoriale assise sur la mise en scène d’un roman familial et d’une légende personnelle. Le triptyque 'romanesque' constitue, en effet, la pièce la plus importante du puzzle de la vérité personnelle qu'elle a su imposer au lectorat. Mais d'autres œuvres seront prises en compte, la bibliographie de Duras étant émaillée de métaphores obsédantes perdues dans le no man's land de la vérité et de la fiction.En centrant la réflexion sur la double question de la posture littéraire et de la figure auctoriale, il s’agira, en délaissant la question de l'autobiographie et de la fiction, sujets maintes fois traités et quelque peu galvaudés aujourd'hui, d'analyser comment Marguerite Duras a réussi, sciemment ou inconsciemment, à tromper ses lecteurs, à s'inventer un destin et à se mettre en scène en tant qu’auteur. Les questions sur Duras convergent vers l'idée de l'écrivain qui construit son image, même au-delà de sa mort, à partir de l'épais brouillard qu'il installe. C'est aussi au cœur même de ce « mensonge » que se trouvent le plus souvent les manipulations secrètes de l'auteur, conscientes ou inconscientes, qui participent, avec l'aide de ses lecteurs, à l'érection de son mythe. Devenue « la Duras », au terme d'un long processus de création, de mémoire, de jeu, de distanciation, de dissociations, elle a fait sortir de son écriture courante sa légende en la tricotant et en la détricotant.Marguerite Duras représente donc un cas d’école pour quiconque s’intéresse à la manière dont un écrivain se construit une image publique, propre à orienter la réception de son œuvre et à en conforter la légitimation par le public et par la critique. Comment la petite Marguerite Donnadieu est-elle devenue « la Duras », puis enfin « M. D. » ? Comment un écrivain, en constante évolution, parvient à se transformer pour entrer dans l'Histoire avec son histoire, quitte à la créer de toutes pièces ? Ces questions sont omniprésentes chez Duras, qui invite également son lecteur à s'interroger sur la façon dont l'écrivain soigne son image, voire « se vend ». Il serait intéressant d'analyser subséquemment la manière avec laquelle celle-ci a joué avec les médias, tout en se jouant d'eux. Monstre médiatique légendaire libérée par la parole « autobiographique » à la publication de L'Amant en 1984, elle s'est en effet forgée une nouvelle identité, en s’érigeant en « papesse » du roman grâce à un mouvement perpétuel entre vie réelle et vie fantasmée.