Bioaccumulation et effets du mercure chez la seiche dans le contexte de l’acidification des océans
Auteur / Autrice : | Antoine Minet |
Direction : | Paco Bustamante, Christelle Jozet-Alves, Thomas Lacoue-Labarthe |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie, biologie des organismes, populations, interactions |
Date : | Soutenance le 23/09/2022 |
Etablissement(s) : | La Rochelle |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Euclide (La Rochelle ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Littoral, Environnement et Sociétés (La Rochelle) |
Jury : | Président / Présidente : Patrick Kestemont |
Examinateurs / Examinatrices : Paco Bustamante, Christelle Jozet-Alves, Thomas Lacoue-Labarthe, Patrick Kestemont, Culum Brown, Sam Dupont, Carole Di Poi, Marie Hébert | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Culum Brown, Sam Dupont |
Mots clés
Résumé
La seiche commune, Sepia officinalis, est un céphalopode côtier connu pour ses performances écophysiologiques soutenues par un large répertoire de comportements lui permettant, malgré son cycle de vie court, de tenir un rôle central dans les réseaux trophiques. Cependant, elle est également connue pour accumuler efficacement les éléments métalliques tel que le mercure (Hg), un contaminant neurotoxique sous sa forme organique (methylmercure ; MeHg). De plus, dans le contexte des changements environnementaux globaux, l’acidification des océans (AO) induite par l’augmentation des émissions de CO2, peut impacter le métabolisme, le développement et le système nerveux central, notamment chez les jeunes stades de vie. Le présent travail a donc pour but d’étudier les effets de l’AO sur la bioaccumulation du Hg et les effets de ces deux neurotoxiques (Hg et CO2) sur le comportement et les performances cognitives chez les juvéniles de seiches. Préalablement, des mesures in-situ ont montré que le Hg s’accumulait dans le cerveau des céphalopodes sous forme méthylé (MeHg). Par ailleurs, les approches expérimentales utilisant des traceurs isotopiques (stables et radioactif) du Hg ont démontré que l’accumulation du Hg total provenait majoritairement de l’assimilation du MeHg présent dans les proies, en comparaison à l’accumulation du mercure inorganique (iHg) par voie dissoute. Ce MeHg est ensuite très fortement retenu malgré la mise en évidence de processus de déméthylation du Hg dans la glande digestive. Étonnamment, l’AO n’a aucun effet sur les efficacités de la bioaccumulation et le métabolisme du Hg. En termes d’effets, des essais comportementaux ont montré que le Hg et CO2, seuls ou combinés, n’impactaient pas l’acuité visuelle et les performances de prédation chez les juvéniles. Par contre, ces deux derniers induisent une augmentation de l’activité locomotrice, compromettant le comportement défensif à travers notamment une altération de la coloration disruptive et un non-alignement de la latéralisation. Parmi les processus neuronaux susceptibles d’être impactés par le Hg et le CO2, le système GABAergique a été analysé dans les lobes optiques mais n’a montré aucun lien évident avec les réponses comportementales suggérant des processus d’effets plus complexes. L’ensemble de ce travail questionne donc les effets des conditions futures de l’océan sur les juvéniles de seiches, et plus largement les impacts sur les populations de céphalopodes.