Thèse soutenue

Dynamique des agents pathogènes et comportements de résistance de l’abeille Apis mellifera unicolor suite à l’introduction de Varroa destructor à La Réunion

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Auteur / Autrice : Benoit Jobart
Direction : Hélène Delatte
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie des populations et écologie
Date : Soutenance le 12/12/2022
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences, Technologies et Santé (Saint-Denis, La Réunion)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical (Saint-Pierre, Réunion)
Jury : Président / Présidente : Frédéric Delbac
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Blot, Johanna Clemencet
Rapporteurs / Rapporteuses : Angélique Vetillard, Yves Le Conte

Résumé

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L'abeille mellifère (Apis mellifera) est confrontée à une multitude de facteurs de stress biotiques et abiotiques qui ont induit à un déclin de ses populations au niveau mondial. La pathosphère de l'abeille et les interactions qui en découlent sont de mieux en mieux connues chez les sous-espèces européennes en zone tempérée. Il existe peu de données dans les zones tropicales et sur des sous-espèces d'autres lignées d'A. mellifera. La sous-espèce de lignée africaine A. m. unicolor est présente dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien. Elle est indigène et endémique à la Réunion. L’introduction de l’ectoparasite Varroa destructor en 2017 a fortement impacté les colonies d’abeilles à La Réunion. Cet acarien affaiblit les abeilles et augmente leur vulnérabilité face aux pathogènes. De plus, il transporte des virus de l'abeille. La lutte chimique est le principal moyen de lutte contre le parasite. Toutefois, des mécanismes héritables de résistance ont été identifiés. Le premier objectif de la thèse était de mieux comprendre le cycle biologique d’A. m. unicolor en zone tropicale, en se concentrant sur la production de couvain et la durée d’operculation des nymphes. En effet, une réduction de cette durée pourrait réduire la reproduction de Varroa. Les colonies à La Réunion ont été capables d’élever du couvain toute l’année, avec une variation saisonnière. La durée d'operculation des nymphes d’A. m. unicolor est de 280 h. Une étude comparative a montré que les populations africaines avaient une durée d’operculation plus courte que les populations européennes. A. m. unicolor se situe parmi les populations hybrides, qui constituent un groupe intermédiaire. Un deuxième objectif était d'observer l’installation de Varroa destructor dans les colonies et de suivre sa dynamique, ainsi que celle de deux virus, le Deformed Wing Virus (DWV) et le Chronic Bee Paralysis Virus (CBPV). Des colonies ont été suivies sur deux périodes d’un an et sur deux ruchers expérimentaux. L'installation du parasite à induit une forte mortalité, jusqu’à 85% des colonies au bout d'un an, et des taux d'infestation élevés, jusqu’à 52 acariens pour cent abeilles. Le DWV a suivi l'établissement de Varroa dans les colonies et le taux d'infestation du parasite a eu un effet significatif sur sa prévalence et sa charge virale. Le CBPV n'est apparu que de manière transitoire au long des suivis. Les données ont montré que, dans les colonies tropicales qui élèvent du couvain toute l'année, Varroa et le DWV sont néanmoins soumis à une dynamique saisonnière qui semble influencée par les conditions environnementales. Le troisième objectif du travail était de mesurer deux mécanismes de résistances d’A. m. unicolor à Varroa, le Varroa Sensitive Hygiene (VSH), qui correspond à la capacité des ouvrières à détecter et retirer le couvain parasité, et le Mite Non-Reproduction (MNR), qui correspond à la capacité à réduire le succès reproducteur des Varroa fondatrices dans le couvain operculé. Les colonies ont montré une capacité à retirer les nymphes infestées (VSH) modérée et similaire à celles retrouvées dans des colonies d’abeilles européennes ou chez A. m. scutellata de lignée africaine. Elles ont par contre montré une proportion de MNR élevée, la moitié des fondatrices ayant une diminution de leur succès reproducteur, ce qui indiquerait une potentielle résistance. L'ensemble de ces résultats apporte de nouvelles connaissances sur une abeille de lignée africaine en milieu tropical. Ces résultats peuvent influencer les pratiques apicoles locales, notamment en terme de gestion des transhumances, mais aussi dans la mise en place de programmes de sélection d’abeilles résistantes à Varroa, tels qu'ils ont été réalisés sur des populations européennes. En effet, les variabilités observées dans les mesures de VSH et MNR suggèrent une possibilité de sélection de colonies résistantes d'A. m. unicolor à La Réunion.