Thèse soutenue

Analyse sociolinguistique des représentations de La Réunion dans les discours de promotion touristique

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Auteur / Autrice : Morgane Andry
Direction : Mylène Eyquem-Lebon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 08/12/2022
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales (Saint-Denis, La Réunion ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de recherche Langues, textes et communications dans les espaces créolophones et francophones (Saint-Denis, Réunion)
Jury : Président / Présidente : Didier de Robillard
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Blanchet, Bernard Idelson
Rapporteurs / Rapporteuses : Carmen Alén Garabato, Anne Piponnier

Résumé

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Toutes les destinations touristiques font l’objet de représentations fantasmées. La Réunion, département français indianocéanique, non seulement, ne déroge pas à la règle mais son insularité et son éloignement de sa « métropole » ne peuvent que nourrir les imaginaires. Cette recherche porte sur les représentations de l’île au sein de plusieurs supports de promotion touristique : guides touristiques, affiches, campagnes et films promotionnels. 
Quelle image touristique de ce département français de l’océan Indien proposent-ils ? Que retiennent-ils de l’île et quelles représentations de ce territoire cristallisent-ils ? Le(s) regard(s) posé(s) revêt(ent) alors quels types de positionnement ? Afin de saisir les singularités relatives au discours de promotion touristique à propos de La Réunion, une analyse comparative nous a paru nécessaire. Nous avons, dans un premier temps, constitué un corpus composé de trois guides touristiques et avons fait émerger les traits saillants des représentations sur La Réunion : le Petit Futé, le GéoGuide et le Lonely Planet. Nous avons ensuite, étudié un total de quatorze guides touristiques afin d’identifier les caractéristiques du discours touristique relatif aux îles en général et les spécificités réunionnaises. Ces analyses ont été complétées par des enquêtes de terrain auprès de promoteurs locaux, tels que l’IRT, des restaurateurs et un guide local, qui ont une connaissance précise du terrain et de sa complexité. Ce travail prend appuie sur des analyses lexicales mais propose également de rendre signifiant autant que possible les implicites, les non-dits afin de proposer une lecture originale de la promotion touristique d’une destination singulière ayant un passé violent lié à la colonisation et de mettre en évidence les rapports de force existants actuellement. Enfin, parce que la réception des discours de promotion s’avère éclairant sur leur efficacité, le point de vue de personnes ne connaissant pas La Réunion a été recueilli grâce une enquête sur les films promotionnels de l’IRT et une autre à propos des présentations du musée de Villèle par les guides touristiques. Aussi, bien qu’ils ne soient pas visés par ces discours promotionnels, des Réunionnais ont été interrogés afin d’évaluer la corrélation entre l’image touristique de La Réunion et la réalité par le biais d’un questionnaire sur l’appellation « île intense » utilisée par les promoteurs. Les résultats de cette thèse mettent en évidence trois remarques principales. D’abord, bien qu’elle soit un département français, La Réunion est représentée comme une destination étrangère. Les guides mettent en exergue tous les éléments distinctifs (population, culture, gastronomie) et éloignent donc symboliquement l’île de la France hexagonale. Ensuite, la seconde montre que le processus d’exotisation développé par les guides est mobilisé pour toutes les destinations et relève d’un positionnement européocentré qui consiste à faire de l'Europe, la norme. Enfin, la troisième met en lumière la tendance des promoteurs locaux à adapter leur discours à ceux de leurs homologues de l’hexagone en adoptant les mêmes règles de fonctionnement générales des discours touristiques et en reprenant les mêmes images stéréotypées. 
Il semble, finalement, que ces représentations soient étroitement liées à l’héritage colonial de l’île. Bien qu’il s’agisse d’arguments commerciaux destinés aux voyageurs européens, les discours touristiques, tel que nous les connaissons aujourd’hui, continuent de perpétuer des mécanismes de domination. À l’instar des expositions coloniales du début du XXe siècle, ces discours combinent, à la fois, une posture coloniale et phallocrate.