Thèse soutenue

Impact des maladies métaboliques sur l’évolution des infections arbovirales : exemple du diabète et de l’infection par le virus Zika

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Auteur / Autrice : Alawiya Reslan
Direction : Gilles GadéaJean-Loup Bascands
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Virologie
Date : Soutenance le 03/11/2022
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences, Technologies et Santé (Saint-Denis, La Réunion ; 2010-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Processus infectieux en milieu insulaire tropical (Saint-Denis, Réunion)
Jury : Président / Présidente : Marie-Paule Gonthier
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurence Briant, Pierre-Olivier Vidalain

Résumé

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Le virus Zika (ZIKV) est un arbovirus appartenant au genre flavivirus, transmis principalement par les moustiques du genre Aedes. Depuis sa découverte, il a été considéré comme un virus non pathogène, responsable de cas sporadiques en Afrique et en Asie du Sud-Est. Le ZIKV a attiré l’attention du monde entier après l’apparition d'une épidémie à grande échelle en Micronésie en 2007 suivie d’une propagation épidémique rapide pour atteindre le brésil en 2015. Au cours de cette épidémie, il est devenu une menace sanitaire émergente et a été identifié comme urgence de santé publique par l’OMS du fait de son association à des complications neurologiques graves chez l'homme, comme le syndrome de Guillain-Barré chez les adultes et les syndromes congénitaux chez les nouveaux nés. La capacité du ZIKV à établir une infection à long terme dans divers organes, y compris les reins, a été récemment documentée. À ce jour, malgré la persistance de ce virus dans l'urine et la grande permissivité des cellules rénales pour la réplication du virus, l'impact de l'infection par le ZIKV ainsi que les conséquences à long terme de son excrétion dans les voies urinaires sur la biologie du rein ne sont pas claires. D’autre part, le diabète est connu comme un facteur de risque important pour l’infection par certains flavivirus, et aucune étude n’a été rapportée dans le cas de ZIKV. De plus, ces deux maladies, ZIKV et diabète ciblent toutes les deux le compartiment rénal. La compréhension de leur interaction à l’échelle cellulaire et moléculaire est importante pour définir le risque de progression de la maladie rénale chez les patients diabétiques infectés par ZIKV. Le but de mon étude a été d’étudier si l’hyperglycémie pouvait aggraver ou non l’infection par le ZIKV dans les cellules rénales. En optimisant un modèle de culture de cellules tubulaires rénales humaines (HK-2) cultivées en présence de concentrations normale et élevée de glucose puis infectées par différentes souches de ZIKV, j’ai pu montrer pour la première fois, qu’en présence d’une concentration élévée en glucose, il y avait une diminution de la réplication et de la descendance virale avec une protection de l’effet cytopathique du virus. Cet effet inhibiteur est dû à un dysfonctionnement de l’étape de la réplication, sans modification des étapes d'entrée. Mon étude a montré également d’une manière intéressante que l’effet du taux élevé de glucose sur le ZIKV est constant, non temporaire et conservé au cours du temps. En caractérisant les mécanismes par lesquels les cellules sous condition élevée de glucose inhibent la croissance du ZIKV, j’ai mis en évidence l’implication de la protéine vipérine, un acteur majeur impliqué dans la réponse immunitaire innée contre le ZIKV, dans cette restriction. Mes résultats ont souligné également que la surexpression de la vipérine endogène en présence d’une concentration élevée en glucose induisait une inhibition de l’infection par ZIKV par la stimulation de la production d'IFN-β. Ces données ouvrent des perspectives sur la spécificité de la biologie du ZIKV, notamment sa persistance particulière dans certains tissus et ses conséquences pathologiques.