Thèse soutenue

Écologie des semences pour la reconquête de la biodiversité insulaire tropicale : étude de quatre espèces indigènes et de trois espèces endémiques de La Réunion dans différents étages de végétation
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Auteur / Autrice : Maëva Naze
Direction : Isabelle Fock-Bastide
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie végétale
Date : Soutenance le 29/06/2022
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences, Technologies et Santé (Saint-Denis, La Réunion)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical (Saint-Pierre, Réunion)
Jury : Président / Présidente : Bernard Reynaud
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Baret
Rapporteurs / Rapporteuses : Hayat El Maarouf-Bouteau, Bruno Fogliani

Résumé

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La Terre est une planète bleue mais c’est aussi un monde vert abritant des îles tropicales reconnues pour leur biodiversité exceptionnelle mais vulnérable (e.g. face aux menaces de transformation des habitats, des invasions biologiques, du changement climatique, …). Appartenant à un hotspot mondial de la biodiversité, La Réunion n’échappe pas aux problématiques de sauvegarde de ses espèces indigènes et endémiques, notamment avec 40% de sa surface inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Planter massivement des espèces indigènes en restauration écologique et en revégétalisation devient ainsi un moyen pour reconquérir la biodiversité réunionnaise. Toutefois, cette volonté politique et sociétale se heurte à plusieurs verrous scientifiques et techniques tels que comment récolter, stocker, faire germer, obtenir des plants et planter ces espèces. Par ailleurs, sur le plan académique, peu de données sont disponibles sur les champs scientifiques associés à ces problématiques. En croisant les enjeux scientifiques et techniques, ce travail de thèse vise à contribuer à la caractérisation morpho-physiologique de semences d’espèces indigènes et endémiques le long de l’étagement de végétation d’une île océanique à fort gradient altitudinal.Au sein de deux forêts de basse altitude, le chapitre 1 porte sur les caractéristiques morphologiques et la germination des graines de Mimusops balata, présente à la fois dans la forêt sèche et dans la forêt tropicale humide de basse altitude. Une variation morphologique des fruits et graines est observée en fonction des sites et de l’année de récolte, avec une influence probablement forte des conditions climatiques. Au niveau de l’espèce, M. balata présente des graines récalcitrantes sans dormance.Au sein de la forêt tropicale humide de moyenne altitude, de montagne et la végétation subalpine, le chapitre 2 traite cette même caractérisation sur une liane indigène de La Réunion, Clematis mauritiana. Il n’y a pas de groupes morphologiques discriminants entre le milieu forestier et subalpin. Mais certaines caractéristiques morphologiques et physiologiques des graines de la végétation subalpine posent la question de l’existence d’une forme de plasticité phénotypique ou de l’existence potentiel d’un morphotype. Au niveau de l’espèce, une dormance avec au moins une composante morphologique est détectée.Au sein de la végétation subalpine, le chapitre 3 se focalise sur la détection de dormance et de la photosensibilité de cinq espèces emblématiques de l’étage. Une espèce ne présente pas de dormance contrairement aux quatre autres, avec potentiellement une composante physiologique. Deux espèces ont des graines à photosensibilité positive. L’acide gibbérellique peut se substituer à la lumière mais pas l’eau fumée, sauf pour une espèce dans certaines conditions.Globalement, ces travaux relèvent notamment un manque de connaissances encore trop important sur le comportement à la conservation des semences, et plus largement en écologie des semences. En termes de transferts de connaissances, ces données ont permis concrètement d’élaborer une partie des itinéraires techniques de production destinés au projet ENDEMIEL ambitionnant de planter plus de 61 000 arbres/arbustes indigènes et endémiques le long d’un gradient altitudinal de 36 km allant de 400 à 1600 mètres et traversant plusieurs étages de végétation. Ces travaux soulignent également l’importance de compléter les données de caractérisation morphologique et de maturité des semences, amenant à la proposition de mettre en place une carpo-séminothèque numérique contenant une base de données morphométriques.Vouloir utiliser des plantes indigènes, c’est bien mais bien le faire c’est mieux !