Thèse soutenue

Étude des représentations sociales du paysage : caractériser la place du paysage dans les processus d’aménagement à la Réunion

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Auteur / Autrice : Angélique Bègue
Direction : Gilbert DavidEsméralda Longépée
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie physique, humaine, économique et régionale
Date : Soutenance le 26/04/2022
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales (Saint-Denis, La Réunion ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Espace pour le developpement (Saint-Denis, Réunion)
Jury : Président / Présidente : Serge Briffaud
Examinateurs / Examinatrices : Elisabeth Guillou, Hervé Davodeau, Béatrice Moppert
Rapporteurs / Rapporteuses : Serge Briffaud, Anne Sgard

Résumé

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Dans un contexte où la demande sociale pointe de plus en plus la qualité environnementale et esthétique du cadre de vie comme un élément essentiel dans les sociétés occidentales, le concept de paysage connaît depuis une vingtaine d’années un intérêt grandissant dans les politiques publiques françaises et européennes. Des espaces dits remarquables au cadre de vie quotidien, les périmètres de l’action paysagère ont été étendus et le paysage apparaît davantage sous l’angle d’un projet, devant être construit socialement dans le débat et l’interaction de l’ensemble des acteurs de la société, pour en organiser collectivement la gestion et l’aménagement. Une multiplicité d’acteurs est ainsi convoquée à agir ensemble en faveur d’une action paysagère qui traduise les aspirations des populations. Or, cela suppose que le concept soit approprié dans la sphère publique et que les acteurs s’accordent ou du moins discutent de leurs représentations du paysage, c’est-à-dire de leurs opinions et des valeurs qu’ils attribuent au paysage, qui conditionnent leurs attitudes et, par-là, l’action paysagère. La littérature tend précisément à souligner les difficultés associées à ce foisonnement d’acteurs et le décalage entre les objectifs promulgués par la réglementation et la réalité opérationnelle. Cette recherche mobilise la théorie des représentations sociales telle qu’elle est développée dans le champ de la recherche en psychologie sociale, pour questionner le contexte social à travers lequel le paysage peut être le support d’une action partagée, discutée et négociée. La thèse s’intéresse au territoire réunionnais, marqué par une action paysagère (affichée) tardive, et l’émergence de projets urbains récents où le paysage semble jouer un rôle non négligeable dans la conception d’un urbanisme plus durable. Certains travaux de recherches ayant montré que des politiques paysagères ou urbaines n’étaient pas toujours en accord avec le paysage vernaculaire, imprégné de l’histoire sociale et culturelle des Réunionnais et du vécu individuel des habitants, la thèse interroge les médiations possibles entre le paysage pensé, façonné et géré par les professionnels de l’aménagement, et le paysage habité et vécu par les populations. Il s’agit de comprendre si et comment les représentations sociales du paysage sont partagées, négociées et collectivement construites par ces acteurs. Le protocole méthodologique utilisé est principalement qualitatif, et se structure autour d’entretiens semi-directifs et de parcours commentés. Dans le cadre des entretiens, un exercice d’association libre de mots, inspiré des travaux en psychologie sociale met en lumière l’organisation des représentations sociales, en montrant ce qui est au cœur des représentations et les éléments plus périphériques et fluctuants de celles-ci. Nous identifions à partir de ces trois outils méthodologiques les aspects cognitifs (les attributs associés au paysage), normatifs (les valeurs projetées sur le paysage) et sensibles (les sensations et émotions ressenties par le paysage) qui constituent les représentations sociales du paysage, et discutons à partir de ces résultats de la place que tient le paysage dans le débat public et dans les processus d’aménagement ainsi que des potentialités d’une action paysagère participative sur le territoire réunionnais telle qu’elle est impulsée dans les politiques publiques du paysage.