Thèse soutenue

Etude la compétition entre homoacétogènes et méthanogènes hydrogénotrophes dans des cultures mixtes anaérobies pour la production d'acétale à partir de H2/CO2 : une approche expérimentale et dé modélisation

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Auteur / Autrice : Léa Laguillaumie
Direction : Etienne PaulClaire Dumas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génie des Procédés et de l'Environnement
Date : Soutenance le 09/09/2022
Etablissement(s) : Toulouse, INSA
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mécanique, énergétique, génie civil et procédés (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : TBI - Toulouse Biotechnology Institute, Bio & Chemical Engineering - Toulouse Biotechnology Institute / TBI
Jury : Président / Présidente : Nicolas Roche
Examinateurs / Examinatrices : Hariklia Gavala, Jean-Philippe Delgenes
Rapporteurs / Rapporteuses : Théodore Bouchez, Ramon Ganigue, Mohammad Taherzadeh

Résumé

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Le captage du dioxyde de carbone (CO2) est un enjeu majeur pour développer une économie bas carbone. De plus, la réduction du CO2 permet la synthèse de molécules plateformes pour l’industrie de la chimie et de l’énergie. Les cultures mixtes anaérobies contiennent des micro-organismes homoacétogènes (HAC) capables de réduire le CO2 en acétate. Cependant, un des freins à leur utilisation est la compréhension et le contrôle de leur diversité fonctionnelle. Notamment, la gestion de la compétition entre les HAC et les méthanogènes hydrogénotrophes (HM) qui convertissent le CO2 en méthane est cruciale pour produire de l’acétate.L’étude contribue à apporter de nouvelles connaissances sur la compétition entre les HAC et les HM. Pour cela, des notions de transfert de matière entre la phase gaz où se situent les substrats, et la phase liquide qui contient les catalyseurs microbiens (G/L), ainsi que des aspects cinétiques et thermodynamiques des réactions biologiques ont été intégrés.La compétition microbienne a été étudiée à partir de données provenant d’un réacteur de méthanation biologique ex situ de H2/CO2, en culture mixte et thermophile. En parallèle, un travail de modélisation des croissances microbiennes propres à chaque micro-organisme a été réalisé afin d’étudier leur comportement en réacteur batch et continu. Le maintien d’une vitesse de transfert G/L supérieure à la vitesse de consommation des gaz est apparu déterminant pour promouvoir la croissance des HAC. Ces résultats de modélisation, couplant cinétiques microbiennes et thermodynamique de réactions, ont permis d’identifier des environnements favorables à la sélection des HAC. Ils ont ensuite été confrontés à un plan expérimental afin d’étudier le système en conditions réelles.Dans le cadre du plan expérimental, des réacteurs batchs, puis continus, à 25 °C et 35 °C ont été mis en place. En batch, la levée de la limitation par le transfert de gaz, ainsi que l’abaissement de la température à 25 °C ont permis de sélectionner des cultures mixtes anaérobies pour la fonction HAC en éliminant les méthanogènes, après quatre batchs successifs de 4 à 6 jours chacun.En réacteurs continus, l’effet du pH entre 5 et 7 et du taux de dilution entre 0.1 et 1 j-1 a été étudié. A pH neutre, une productivité en acétate significative de 296 mmolC.L-1.j-1 a pu être observée sur plusieurs temps de séjour. Par ailleurs, l’abaissement du pH à 5 n’a pas permis d’éliminer les HM. En revanche, une zone de taux de dilution critique des HM a pu être identifiée entre 0.25 et 0.38 j-1, tandis que les HAC ont été maintenus dans le réacteur jusqu’à la valeur maximale testée de 1 j-1.De manière intéressante, le modèle a permis de montrer que ces réacteurs n’ont pas été limités par le transfert G/L, mais par la thermodynamique de réaction, fixant ainsi une concentration maximale en acétate, qui impose la vitesse de consommation des gaz. Ces résultats démontrent le potentiel de l’utilisation de réacteurs continus pour lessiver les méthanogènes et sélectionner les HAC sur H2/CO2 en culture mixte anaérobie. Grâce à un travail d’optimisation du milieu de culture pour les HAC, la culture mixte a pu être enrichie jusqu’à 75 % en C. autoethanogenum, après l’ajout de vitamines dans le milieu de culture. A 25 °C, la production d’éthanol et l’élongation en butyrate et hexanoate ont pu être observées, bien que minoritaires.Lors de cette étude, un modèle adaptable permettant de décrire la compétition microbienne a été développé. Il a permis de montrer les différents types de limitations du système : le transfert G/L, la thermodynamique des réactions, ou les nutriments de la phase liquide. La compréhension du système a permis le développement de techniques d’enrichissement des cultures mixtes en HAC. Ces résultats constituent une base de données pour l’optimisation de la production de molécules plateformes à partir de H2/CO2, sans recours à des inhibitions chimiques ou thermiques des HM.