Thèse soutenue

Évaluation des performances environnementales des futurs systèmes d'aviation durables : développement méthodologique et évaluation par l'analyse du cycle de vie

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Auteur / Autrice : Pimchanok Su-Ungkavatin
Direction : Lorie HamelinLigia Tiruta-Barna
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génie des Procédés et de l'Environnement
Date : Soutenance le 14/12/2022
Etablissement(s) : Toulouse, INSA
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mécanique, énergétique, génie civil et procédés (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : TBI - Toulouse Biotechnology Institute, Bio & Chemical Engineering - Toulouse Biotechnology Institute / TBI
Jury : Président / Présidente : Catherine Azzaro-Pantel
Examinateurs / Examinatrices : Sandra Beauchet
Rapporteurs / Rapporteuses : Benoît Gabrielle, Robert Malina

Résumé

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Ce travail propose et applique une méthodologie permettant de comparer et d'anticiper, par l'analyse du cycle de vie (ACV), les conséquences environnementales d’investissements dans quatre systèmes d'aviation alternatifs au kérosène fossile. Il s'agit des biocarburants de deuxième génération, des électrocarburants (à partir de dioxide de carbone, CO2, atmosphérique/industriel, combiné à de l’hydrogène renouvelable, H2), de l’aviation électrique (batteries) et des systèmes à H2 (soit par combustion, soit dans des piles à combustible). L’emphase de cette thèse porte sur l'aviation commerciale (passagers et fret). Ce travail étudie quatre voies pour les biocarburants : (i) esters et acides gras hydrotraités (HEFA) avec des huiles usagées, (ii) gazéification de la biomasse suivie soit de Fischer-Tropsch (FT), (iii) soit de la fermentation du gaz de synthèse avec valorisation de l'alcool (Ethanol-to-Jet), et (iv) fermentation du sucre et valorisation de l'alcool (Isobutanol-to-Jet). A ceci s’ajoutent deux voies pour les électrocarburants avec des technologies de capture du carbone basées sur un sorbant liquide ou solide, quatre voies pour les batteries, et deux voies pour la production d'H2 par l’électrolyse de l'eau. Les systèmes entièrement électriques ne sont envisagés que pour les segments domestiques (avion de 19 passagers) ; pour les segments internationaux, un système hybride avec le kérosène fossile est considéré.Le cadre comparatif bâtit par cette étude couvre des questions essentielles généralement négligées dans les analyses précédentes, notamment le fait que : i) dans les conditions actuelles, les carburants liquides de substitution doivent être mélangés au kérosène fossile ; ii) les biomasses résiduelles, lorsqu'elles sont mobilisées pour l'aviation, sont détournées d'une autre utilisation (utilisation contrefactuelle) ; iii) les carburants peuvent affecter le type et le nombre d'avions nécessaires pour fournir le service décrit par l'unité fonctionnelle, notamment en raison d'une pénalité de masse induite ; iv) certains des systèmes impliquent des infrastructures supplémentaires, y compris pour la fin de vie, et v) une comparaison équitable nécessite la prise en compte des facteurs de forçage du climat autres que le CO2, tels que les NOx, la nébulosité induite, la vapeur d'eau, le noir de carbone et les sulfates.Deux horizons temporels ont été considéré : court terme 2035 et long terme 2045. Les principales différences sont les suivantes : (i) le long terme suppose que le mélange avec le kérosène fossile ne sera plus nécessaire pour les carburants liquides, et (ii) le gaz naturel est utilisé comme source de chaleur à court terme alors que la chaleur est entièrement électrifiée à long terme. Au total, 16 impacts ont été quantifiés, et six impacts ont été étudiés plus finement, dont celui sur les changements climatiques. Tous les systèmes considérés présentent de meilleures performances que le kérosène fossile à l’exception de (1) HEFA en raison de la production de chaleur induite (les impacts dont la performance est pire que le kérosène fossile sont: changement climatique pour le court terme, matières particulaires et eutrophisation des eaux douces pour le long terme) et (2) Systèmes électro-intensifs incluant les électrocarburants et H2 en raison de la consommation d'électricité lors de l'électrolyse de l’eau (les impacts dont la performance est pire que le kérosène fossile sont: matières particulaires, eutrophisation des eaux douces et utilisation des ressources en eau, pour le court et le long terme). Les biocarburants dérivés des résidus forestiers se sont avérés les plus performants sur le plan environnemental. Toutefois, ce résultat dépend hautement de la (mauvaise) performance environnementale, largement incertaine et peu mesurée sur le terrain, de la dégradation de ces résidus en forêt. Les systèmes entièrement électriques sont démontrés comme approche favorable à l'environnement pour le segment domestique.