Thèse soutenue

Partage du profit et inefficacités au sein de marchés reliés verticalement

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Auteur / Autrice : Rémi Avignon
Direction : Marie-Laure AllainClaire Chambolle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 16/02/2022
Etablissement(s) : Institut polytechnique de Paris
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'Institut polytechnique de Paris
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École polytechnique (Palaiseau, Essonne ; 1795-....)
Laboratoire : Centre de Recherche en Economie et Statistique (Palaiseau ; 1993-....)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Méjean
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Laure Allain, Claire Chambolle, Frederic Warzynski, Howard Smith, Doh-Shin Jeon
Rapporteurs / Rapporteuses : Frederic Warzynski, Howard Smith

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse vise à approfondir la compréhension des relations commerciales entre fournisseurs et acheteurs au sein des chaînes de valeurs. Ce travail de recherche appliquée se concentre sur le secteur agroalimentaire, il mobilise à la fois des outils théoriques et empiriques. La thèse se découpe en trois chapitres présentés d’aval en amont de la chaîne de valeur.Le premier chapitre est un modèle théorique visant à analyser l’impact des centrales d’achat sur la variété des produits vendus par la grande distribution. L’écriture de ce chapitre est motivée par les deux vagues de créations de centrales d’achats en France de 2014 et 2018. Ces centrales sont mises en place par les distributeurs afin de négocier en commun leurs approvisionnements auprès de leurs fournisseurs. Les centrales créées en 2014 consistent en une coopération à l’achat, limitée aux marques de fournisseurs qui sont généralement offertes par des entreprises de grande taille. Les centrales créées en 2018 ont un champ d’application élargi aux produits de marques de distributeurs. Ceci questionne les autorités de régulation qui craignent un accroissement du déséquilibre des relations commerciales entre producteurs et distributeurs. Sous les hypothèses du modèle considéré dans ce chapitre, il peut être profitable pour des distributeurs de former une centrale consistant à s’engager à un référencement commun de produits même si cela conduit à une réduction du profit total de l’industrie. Le résultat le plus frappant est que la réduction du champ d’application des centrales ne protège pas les petits fournisseurs contre l'exclusion ou la baisse de leur de revenus. Par ailleurs, il n’est pas toujours profitable pour les distributeurs de chercher à étendre leur coopération sur l’ensemble des produits.Le deuxième chapitre est un modèle structurel qui vise à quantifier le pouvoir de marché des industriels producteurs de produits laitiers en France. Ce modèle permet de distinguer les deux origines du pouvoir de marché. En amont, le « markdown » est la capacité à acheter du lait cru en dessus du prix concurrentiel. En aval, le « markup » est la capacité à vendre des produits au-dessus du prix concurrentiel. L'analyse s'appuie sur une base de données exhaustive couvrant la période 2003-2018. Cette base contient les quantités et les prix des produits vendus et du lait cru par département d’origine. L’analyse est basée sur les coûts et exploite la relation technique entre le lait cru et les produits laitiers pour estimer les marges des fabricants. En utilisant l’existence de marchés concurrentiels, on distingue les deux sources de pouvoir de marché de chaque entreprise : le « markdown » estimé au niveau du département d’origine du lait et le « markup » estimé au niveau du produit. Les résultats indiquent que les entreprises laitières achètent le lait cru en moyenne avec un « markdown » de 15 % et vendent leur produit avec un « markup » de 45 %.Le troisième chapitre est une analyse empirique de la restructuration de la production laitière en France entre 1996 et 2019. Cette production a été libéralisée en Europe avec la fin des quotas laitiers qui avaient été instaurées en 1984. Ces quotas, qui visaient à éviter la surproduction de lait, ont été progressivement augmentés à partir de 2008 avant d’être complétement retirés en 2015. L'analyse s'appuie sur une base de données exhaustive fournissant la production (ou quota) de lait de chacune des fermes françaises entre 1996 et 2019. Entre 1996 et 2007, la dynamique de restructuration de la production laitière est homogène sur l’ensemble des territoires. A partir de 2008, suite à l’augmentation des droits à produire, la quantité totale produite a fortement augmenté. Les dynamiques sont devenues très hétérogènes entre les territoires, avec une concentration de la production dans les territoires les plus productifs. Ce chapitre documente l’hétérogénéité de l’impact de la fin des quotas entre les territoires et entreprises.