Thèse soutenue

L'autonomie temporelle et ses usages : un révélateur des inégalités sociales devant le temps

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Auteur / Autrice : Jeanne Ganault
Direction : Laurent LesnardNicolas Robette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 28/11/2022
Etablissement(s) : Institut polytechnique de Paris
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'Institut polytechnique de Paris
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Economie et Statistique (Palaiseau ; 1993-....)
établissement opérateur d'inscription : École nationale de la statistique et de l'administration économique (Palaiseau ; 1960-....)
Jury : Président / Présidente : Ariane Pailhé
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Lesnard, Nicolas Robette, Ariane Pailhé, Alain Chenu, Camille Peugny, Julie Landour, Frédéric Lebaron
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Chenu, Camille Peugny

Résumé

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De nombreux travaux rendent compte de différences dans la manière dont les individus utilisent leur temps en fonction de leurs caractéristiques sociales (notamment, leur classe sociale ou leur genre). L'autonomie dont ils disposent pour utiliser leur temps comme ils l'entendent, en revanche, est rarement prise en compte, et particulièrement pour la population salariée. Cette thèse vise à redéfinir l'autonomie temporelle dans le travail salarié comme une construction multidimensionnelle, et à la réintroduire dans l'analyse des emplois du temps et des rapports au temps de la population salariée, à partir de données quantitatives issues des enquêtes Emploi du temps et Conditions de travail, et d'entretiens qualitatifs. Quelles possibilités ont les individus salariés d'agencer leur temps quotidien ? Et selon ces possibilités, quels agencements opèrent-ils, et comment les perçoivent-ils ? Je définis l'autonomie temporelle comme l'ensemble des libertés dont disposent (ou non) les individus dans l'agencement de leur temps de travail, et j'identifie huit types d'autonomie temporelle, allant des "contraintes 'absolues'" à "l'autonomie 'absolue'", qui révèlent des inégalités de classe sociale, de genre, et de contexte organisationnel. Ces types d'autonomie sont associés à des articulations différentes entre temps de travail rémunéré et temps de travail domestique au quotidien : lorsqu'ils sont plus autonomes, les hommes sont d'autant plus susceptibles de réaliser et valoriser de longues journées de travail rémunéré, et les femmes de consacrer davantage de temps au travail domestique. La ségrégation genrée des emplois du temps des individus les plus autonomes reflète en partie une sélection des femmes dans des professions leur garantissant l'autonomie de "concilier" leurs obligations professionnelles et familiales. Cette sélection est néanmoins inaccessible à beaucoup d'individus salariés : les plus contraints dans leur quotidien sont également largement contraints dans leur parcours, mais ils n'expriment pas pour autant un désir de changer leur situation présente ou future, faisant "de nécessité autonomie".