Le conservatisme modernisateur russe (1960-2022) : la reconstruction intellectuelle et sociale d'une alternative à la modernité libérale occidentale en Russie
Auteur / Autrice : | Juliette Faure |
Direction : | Kathy Rousselet, Philippe Portier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique, spécialité Théorie politique |
Date : | Soutenance le 29/11/2022 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Thierry Balzacq |
Examinateurs / Examinatrices : Kathy Rousselet, Philippe Portier, Samuel A. Greene, Paul Zawadzki, Isabelle Gouarné | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Samuel A. Greene, Paul Zawadzki |
Mots clés
Résumé
Cette thèse étudie la construction socio-intellectuelle et la carrière politique du conservatisme modernisateur, de l’Union soviétique à la Russie contemporaine. A contrario des théories occidentales de la modernisation prévoyant la convergence des sociétés développées vers un même modèle de modernité libérale, cette idéologie affirme que le progrès technologique peut se marier avec les valeurs culturelles et religieuses propres à la Russie et renforcer un État autoritaire. Marginales au début des années 1990, ces idées ont progressivement été mobilisées par les élites dirigeantes pour justifier la consolidation d’un État fort, l’imposition d’une discipline sociale fondée sur les valeurs traditionnelles et la poursuite d’une politique étrangère expansionniste. Comment le conservatisme modernisateur s’est-il maintenu par-delà le changement de régime de 1991 et s’est-il imposé comme l’une des sources de légitimation du pouvoir ? La thèse montre que le régime a renoué avec les pratiques soviétiques de parrainage de production idéologique et permis aux conservateurs modernisateurs de concurrencer les groupes plus libéraux en accédant aux ressources contrôlées par l'État (visibilité médiatique, soutien financier). Cependant, le régime ne s’appuie plus sur un appareil idéologique institutionnalisé mais sur des relations transactionnelles avec plusieurs réseaux d'idées. Au-delà du cas russe, la thèse éclaire l’évolution de l’utilisation de l'idéologie par les régimes autoritaires, qui cultivent un degré de polarisation des élites pour garantir une flexibilité de choix politiques et une variété de sources de soutien à travers des environnements stratégiques changeants.