Thèse soutenue

"Régulation sous double contrainte" de l’Internet et des réseaux sociaux en Chine contemporaine

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Auteur / Autrice : Aifang Ma
Direction : Colin Hay
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 28/06/2022
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études européennes et de politique comparée (Paris)
Jury : Président / Présidente : Jean-Louis Rocca
Examinateurs / Examinatrices : Colin Hay, 国斌 杨, Chloé Froissart, Rongbin Han, Séverine Arsène
Rapporteurs / Rapporteuses : 国斌 杨, Chloé Froissart

Résumé

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Au lieu d’étudier la toute-puissance de l’état-parti chinois, cette thèse entend montrer au contraire que les citoyens chinois et la société civile dans son ensemble sont loin d’être impuissants. Adoptant une approche véritablement interdisciplinaire, cette thèse étudie les mécanismes à travers lesquels tant les entreprises de l’Internet et des réseaux sociaux (ISM) que les internautes ont reconquis une certaine autonomie face à un Etat qui se montre de plus en plus autoritaire. Située au croisement des études de la régulation, des recherches en communication, de l’économie politique, et des théories de mouvements sociaux, cette thèse propose une nouvelle perspective sur la régulation étatique, avançant le concept d’« état régulateur sous double contrainte ». Ce concept désigne un état autocratique que la poursuite d’objectifs concurrents, qualifiés respectivement d’«objectifs favorables au régime » (RFO) et d’«objectifs favorables à la société » (SFO), amène à favoriser alternativement l’un et l’autre, générant ainsi une certaine autonomie pour la société civile. En étudiant la régulation de l’ISM en Chine de 1987 à 2020 avec des méthodes de recherche qualitatives, j’ai démontré que si l’état-parti chinois a des pouvoirs importants, ceux-ci ne sont as illimités, car la « logique de la double contrainte » limite sa liberté d’action. Avec les RFO, l’état-parti renforce son contrôle sur les firmes et les internautes de manière à parer à tout facteur déstabilisant. Néanmoins, il ne peut se permettre de privilégier exclusivement les RFO parce qu’un contrôle systématique entraverait l’innovation technologique des firmes et diminuerait le soutien des citoyens envers le régime, et par conséquent la légitimité de ce dernier. L’état-parti a besoin en même temps de poursuivre les SFO. La difficulté de l’état-parti à équilibrer les SFO et les RFO devient ainsi une source d’autonomie relative pour les entreprises privées d’ISM et pour les internautes, un phénomène paradoxal dans un contexte de plus en plus autoritaire.