La (dé)formation de la classe ouvrière ukrainienne : la politique au quotidien et l’économie morale dans une ville post-socialiste
Auteur / Autrice : | Denys Gorbach |
Direction : | Jenny Andersson, Gilles Favarel-Garrigues |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique, spécialité Politique comparée |
Date : | Soutenance le 22/04/2022 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Max Planck Sciences Po center on coping with instability in market societies |
Jury : | Président / Présidente : Dominique Arel |
Examinateurs / Examinatrices : Jenny Andersson, Gilles Favarel-Garrigues, Don Kalb, Cédric Lomba, David Ost, Anna Colin Lebedev | |
Rapporteur / Rapporteuse : Don Kalb, Cédric Lomba |
Mots clés
Résumé
L’énigme qui guide cette thèse porte sur la politisation des ouvriers en Ukraine : alors qu’ilsaspirent au niveau discursif à s’engager dans une action politique susceptible de provoquer unchangement social radical, ils associent dans leur vie quotidienne toute forme de participation àla vie politique à un acte de corruption, ce qui les démobilise. Pour expliquer cet apparentparadoxe, la thèse s’interroge sur le rapport des classes populaires ukrainiennes au politique.Cette exploration ethnographique du quotidien politique des ouvriers se concentre surl’économie morale qui forme cette classe sociale. La recherche est fondée sur un travail deterrain mené dans la ville de Kryvyi Rih entre 2018 et 2021. Celui-ci consiste en une séried’entretiens ethnographiques, d’observations participantes au sein d’une usine, d’analyse desarchives de la presse locale et d’une ethnographie numérique. L’analyse est multiscalaire :partant de la dynamique politique au niveau de la ville, elle descend au niveau de l’entreprisepuis des stratégies individuelles de survie économique et de distinction symbolique. La thèsemontre que la faiblesse de l’activité politique ouvrière, résultant de la crise socio-économiquepostsocialiste, est aggravée par les mécanismes paternalistes qui ont émergé pour atténuer leseffets de celle-ci. En même temps, la « démocratie oligarchique » des années 2000 a polarisé lavie politique selon un axe identitaire. Ces processus façonnent les modes de participationpolitique accessibles aux ouvriers : l’engagement politique se réduit à une vision antagoniste,qui clôt l’espace politique et favorise les projets autoritaires de lutte contre la corruption.