Thèse soutenue

Des discours aux réalités de la conception, du déploiement et des usages des systèmes d’Intelligence Artificielle dans les situations de travail

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Auteur / Autrice : Tamari Gamkrelidze
Direction : Flore BarcelliniMoustafa Zouinar
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie et Ergonomie. Ergonomie
Date : Soutenance le 28/11/2022
Etablissement(s) : Paris, HESAM
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Abbé Grégoire (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche sur le travail et le développement (2007-... ; Paris)
établissement de préparation de la thèse : Conservatoire national des arts et métiers (France ; 1794-....)
Jury : Président / Présidente : Marc-Éric Bobillier-Chaumon
Examinateurs / Examinatrices : Flore Barcellini, Moustafa Zouinar, Marc-Éric Bobillier-Chaumon, Viviane Folcher, Pascal Salembier, Gérard Dubey, Jean-Nicolas Dacher
Rapporteurs / Rapporteuses : Viviane Folcher, Pascal Salembier

Mots clés

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Résumé

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Les progrès réalisés en Intelligence Artificielle (IA) et sa diffusion annoncée dans la vie professionnelle sous différentes formes (systèmes d’automatisation, systèmes d’aide à la décision, robots, etc.) questionnent les transformations du travail et des organisations. Aujourd’hui, ces transformations sont principalement discutées à travers des réflexions d’ordre spéculatives mobilisant peu d’études empiriques.Partant de ce constat, cette thèse vise à identifier et comprendre, de façon empirique : (1) d’une part, la nature des incidences et plus largement des transformations potentielles ou effectives du travail et des organisations occasionnées par la conception, le déploiement et les usages des systèmes d’IA dans les situations de travail ; et (2) d’autre part, les questions soulevées en termes de démarches de conception de ces systèmes. Pour cela, trois études empiriques qualitatives différentes ont été menées.La première étude à visée exploratoire a pour but de comprendre de façon globale et transversale les enjeux qu’entraînent ces démarches de conception et de déploiement des systèmes d’IA ainsi que leurs usages et incidences (en termes d’apports, de risques ou d’empêchements et dégradations) dans différentes situations de travail. A l’aide de deux cas issus d’un secteur d’activité professionnelle spécifique (la radiologie), la deuxième étude empirique analyse de manière plus approfondie les usages et les transformations occasionnées par le déploiement d’une part d’un système de dictée à reconnaissance vocale pour la réalisation des comptes-rendus radiologiques, et d’autre part, d’un système de détection de fractures pour l’interprétation des images des radiographies. Enfin, la dernière étude analyse un processus de conception et de mise en place des systèmes d’IA à travers le cas d’un chatbot juridique déployé dans une grande entreprise du numérique.Les résultats montrent qu’une partie des enjeux et des préoccupations mis en avant par notre travail - place et rôle des systèmes d’IA, répartition des tâches entre humains et IA, opacité des systèmes, certaines conséquences problématiques de ces systèmes sur le travail – se rapproche de ceux identifiés par des travaux antérieurs sur l’automatisation et les systèmes experts. En outre, les résultats mettent en exergue des décalages entre les discours des promoteurs de l’IA et les préoccupations et expériences des travailleurs sur l’utilité effective des systèmes proposés par rapport aux problèmes qu’ils rencontrent dans leur travail quotidien. Conditionnés au moins partiellement par les choix de conception et les démarches de déploiement des systèmes d’IA, la mise en place et les usages de ces systèmes conduisent à des incidences diverses. D’un côté, ils apportent certains bénéfices au regard des problématiques socio-organisationnelles auxquelles font face les structures concernées (des hôpitaux ou des cliniques). Mais en même temps, ils entrainent des transformations, voire, contrairement à certains discours des promoteurs de l’IA, des risques et des dégradations du travail, variables selon les activités et les organisations du travail. Enfin, sur le volet conception, les résultats mettent en évidence une démarche « opportuniste » de conception et d’intégration d’un chatbot juridique à base d’IA. Elle se traduit par des processus « émergents » qui sont guidés par une vision « classique » des concepteurs centrée sur des besoins projetés des utilisateurs, parfois éloignés de la réalité de leur travail. Les résultats donnent matière à réflexion sur les éléments à mobiliser pour l’analyse des usages et incidences des systèmes d’IA dans les situations de travail. Cela renouvelle le besoin de recourir à des démarches de conception centrées sur l’activité pour contribuer à la conception, au déploiement et à la construction des usages des systèmes d’IA.