Thèse soutenue

Diversité chimique organique dans les proto-étoiles de type solaire : le proto-système solaire a-t-il connu une phase 'hot corino' ?

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Auteur / Autrice : Mathilde Bouvier
Direction : Cecilia CeccarelliAna López-Sepulcre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Astrophysique et milieux dilues
Date : Soutenance le 21/01/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale physique (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble
Jury : Président / Présidente : Éric Quirico
Examinateurs / Examinatrices : Charlotte Vastel, Peter Schilke
Rapporteurs / Rapporteuses : Maryvonne Gerin, Serena Viti

Mots clés

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Résumé

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Le système solaire est né il y a 4,5 milliards d'années dans un nuage moléculaire de la Voie lactée. L'astrochimie est un outil puissant pour élucider (1) ce qui est arrivé aux premières phases de la formation du système solaire et (2) comment elles ont pu influencer le début du développement de la chimie organique et peut-être de l'apparition de la vie sur Terre. Les observations effectuées jusqu'à présent montrent une grande diversité dans la composition chimique des proto-étoiles de masse solaire. En particulier, les "hot corinos" et les objets WCCC ("Warm Carbon-Chain Chemistry", soit la chimie chaude des chaines carbonées) sont chimiquement distincts : les "hot corinos" sont riches en molécules organiques complexes interstellaires, ou iCOMs (qui pourraient être des briques de grandes biomolécules terrestres), tandis que les objets WCCC sont riches en hydrocarbures. Cette diversité chimique protostellaire pourrait refléter une différence dans la composition chimique du manteau de glace des grains mis en place pendant la phase pré-stellaire. La question de savoir si l'environnement affecte cette diversité et comment, reste ouverte.Peu de "hot corinos" et objets WCCC ont été identifiés à ce jour. La plupart des études ciblant les "hot corinos" vise des régions de formation d'étoiles de faible masse, alors que notre Soleil est censé être né près d'étoiles massives (>8 M o). Les études de proto-étoiles dans ces régions sont essentielles pour comprendre le passé chimique du Soleil. Le premier but de la thèse est d'étudier la nature chimique des proto-étoiles situées dans une région similaire à celle où notre Soleil est né, et de déterminer si le Soleil a subi une phase "hot corino" pendant sa formation. Le second but est de comprendre si l'environnement joue un rôle dans la diversité chimique des proto-étoiles. Pour cela, j'ai étudié neuf proto-étoiles du filament OMC-2/3, la plus proche région similaire à l'environement de naissance du Soleil. J'ai exploité des sets de données "single-dish" et interférométriques et ciblé seulement les traceurs moléculaires des "hot corinos" et des objets WCCC.Les observations "single-dish" se sont révélées inefficaces dans la recherche de "hot corinos" et d'objets WCCC dans OMC-2/3, à cause de la contamination des traceurs moléculaires utilisés par la région de photodissociation entourant le filament. Ensuite, j'ai réalisé une analyse de la poussière et des raies moléculaires avec les observations ALMA. L'étude de la poussière montre que ses propriétés ne sont pas affectées par l'illumination UV, et que la formation d'étoiles est simultanée dans tout le filament. Enfin, à partir de l'analyse des raies moléculaires, j'ai détecté cinq nouveaux "hot corino" dans OMC-2/3. Ce résultat diffère de ce qui a été trouvé dans les autres régions de formation d'étoiles, où les "hot corinos" sont abondants. Ceux-ci semblent donc être rares dans un environnement fortement illuminé, ce qui suggère que l'environement affecte probablement la diversité chimique des proto-étoiles. Enfin, l'ancienne nature "hot corino" du Soleil doit faire l'objet d'une étude plus approfondie.