Thèse soutenue

Modélisations de contributions de la nature aux populations pour l’adaptation des socio-écosystèmes aux changements globaux dans la vallée de la Maurienne (Alpes françaises)

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Auteur / Autrice : Nicolas Elleaume
Direction : Sandra LavorelBruno LocatelliJohan Oszwald
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biodiversité écologie environnement
Date : Soutenance le 30/08/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'écologie alpine (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Nicolas Buclet
Examinateurs / Examinatrices : Thomas Houet, Christina Herrero-Jauregui
Rapporteurs / Rapporteuses : Alexia Stokes, Uta Schirpke

Résumé

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Depuis le début du vingtième siècle, la température moyenne des Alpes a augmenté de 2°C contre 1°C en moyenne en France. De ce fait, il apparait essentiel de penser l'adaptation des sociétés humaines face à ces changements pour le futur de cette région. Les communautés humaines entretiennent des liens complexes avec les écosystèmes desquels elles dépendent. Ces interactions complexes sont pensées à travers le concept de socio-écosystèmes (SES) qui propose d’analyser conjointement les dynamiques qui relient sociétés humaines et écosystèmes. En réponse au changement climatique, ces SES devront s’adapter ou se transformer afin de maintenir leurs fonctions actuelles et la qualité de vie des habitants.Ce travail de thèse investigue les changements auxquels ont été ou seront soumis les SES dans la vallée de la Maurienne, située en Savoie dans les Alpes françaises. Pour comprendre comment les SES s’adaptent ou se transforment, j’ai mobilisé plusieurs approches de modélisation spatiale et temporelle de contributions de la nature aux populations (NCP). Les deux NCP modélisées sont la protection des sols contre l’érosion ainsi que la production de biomasse des prairies. Ces deux modélisations mobilisent des données d’occupation des sols et des paramètres climatiques pour projeter les impacts de leurs changements passés ou futurs sur les NCP à l’échelle des territoires. Elles permettent ainsi d’investiguer la question des adaptations dans les SES en les caractérisant (notamment dans le passé) ou en comparant leurs effets potentiels dans le futur afin de les prioriser selon leurs bénéfices. Dans ce travail, l’analyse des effets des changements globaux sur les NCP et les SES se construit avec une approche interdisciplinaire et explore les incertitudes qui pèsent sur les modélisations prospectives de NCP.Le premier chapitre repose sur la mise en place d’une démarche de recherche interdisciplinaire combinant histoire, écologie et palynologie a permis d’identifier trois grandes périodes de stabilité pour le SES. Les adaptations du SES se sont traduites par des modifications des interactions entre les sous-systèmes qui le composent. Ce travail met en évidence la complémentarité des approches disciplinaires et l’intérêt de l’interdisciplinarité pour comprendre les changements dans les SES.Le second chapitre propose une modélisation du devenir du service de protection des sols contre l’érosion. Compte tenu des multiples incertitudes qui pèsent sur une modélisation prospective, ce chapitre intègre au modèle plusieurs sources d’incertitude et compare leurs contributions à la variabilité des valeurs d’érosion prédites ainsi qu’à la direction de changement des pertes de sols entre 2020 et 2085. Les trois sources d’incertitude étudiées sont la future trajectoire de développement de la société mondiale et d’émissions de gaz à effet de serre associées, sept modèles climatiques prédisant les précipitations futures pour le site d’étude et enfin les différentes manières de paramétrer le modèle d’érosion.Le dernier chapitre consiste en une modélisation de la production de biomasse des prairies grâce à un réseau bayésien sous plusieurs scénarios possibles pour la vallée en termes d’occupations des sols et de trajectoires climatiques. Différentes solutions d’adaptation de la gestion des prairies (fertilisation, irrigation ou pâturage sous couvert) sont testées pour comprendre quels sont leurs effets attendus sur la production de fourrage. Le pâturage sous couvert n’a qu’un effet limité sur la production totale. En revanche, les différents scénarios de fertilisation et d’irrigation montrent des effets bien plus importants permettant dans certaines trajectoires de palier les conséquences négatives du changement climatique voire d’augmenter la production totale, mais s’accompagneraient d’un coût environnemental plus élevé.