Evolution de la topographie du Sud-Est Tibet au Cénozoïque à partir de l'étude du Mékong et de la Yalong
Auteur / Autrice : | Xiong Ou |
Direction : | Anne Replumaz |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Terre Solide |
Date : | Soutenance le 07/12/2022 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble, Isère, France ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des sciences de la Terre (Grenoble) |
Jury : | Président / Présidente : Julia de Bernardy de Sigoyer |
Examinateurs / Examinatrices : Peter van der Beek, Laure Guerit, Xiaoping Yuan | |
Rapporteur / Rapporteuse : Vincent Godard, Yuntao Tian |
Mots clés
Résumé
Le Tibet du Sud-Est est caractérisé par des surfaces de faible relief à haute altitude avec de anciens âges thermochronologiques et très peu d'exhumation depuis au moins la collision Inde-Asie, et aussi par des vallées profondément incisées de grands fleuves (par exemple, Salween, Mékong, Yangtze et Yalong) avec de jeunes âges thermochronologiques et forte érosion. Le développement des précipitations de mousson pendant le Cénozoïque tend à entraîner la destruction des plateaux et une forte érosion dans les réseaux fluviaux, tandis que, face à ce forçage climatique, de forts soulèvements liés à des phases de compression importantes conduisent à préserver les surfaces hauts et plats dans les interfluves et en amont. Cependant, la manière dont cette interaction tectonique/climatique a conduit au développement de cette topographie particulière lors de la construction du plateau tibétain reste non résolue.Dans notre travail, nous nous concentrons d'abord, à l'échelle locale, sur le massif de Baimaxueshan à faible relief (<600 m) et à altitude modérée (~4500 m), face au massif élevé de Kawagebo de l'autre côté du Mékong, adjacent à l'EHS dans la région des Trois Rivières. La modélisation thermo-cinématique (Pecube) des données thermochronométriques à basse température montre que le Baimaxueshan a connu un soulèvement régional à une vitesse de 0,25 km/Myr depuis ~10 Ma, lié à l'indentation de l'EHS vers le nord-est, suivant une exhumation lente à un taux de 0,01 km/Myr depuis la collision Inde-Asie. L'incision estimée du Mékong représente un maximum de 30% de l'exhumation totale depuis 10 Ma et le paysage à faible relief du Baimaxueshan résulte en partie de processus glaciaires à haute altitude, renforçant depuis ~2 Ma. En revanche, le Kawagebo à haut relief et à haute altitude ont connu un fort soulèvement à un taux de 1,47 km/Myr entre 32 et 20 Ma, lié à un chevauchement penchant vers l'ouest et parallèle au fleuve Mékong, pendant la contraction régionale est-ouest. Cela a également été confirmé par une phase de soulèvement rapide Oligocène sur le plateau de Zuogong au nord et dans le bassin de Jianchuan au sud, ainsi que par les preuves paléo-altimétriques, montrant un haut plateau existant depuis la fin de l'Éocène dans cette région. Une réactivation de ce chevauchement conduit à une deuxième phase de soulèvement rapide à une vitesse de 1,35 km/Myr depuis ~12 Ma, due à une structure « push-up » entre la faille dextre Parlung et Zhongdian.À l'échelle régionale, nous avons appliqué une modélisation de l’évolution topographique (FastScape) dans le bassin versant de la rivière Yalong de la Région des Grands Coudes pour explorer l'influence des fortes précipitations de mousson, de forts chevauchements du YBT et son effet orographique imposé sur la réduction de précipitation sur la topographie particulière au Sud-Est du Tibet. Nous proposons qu'un couplage d'un fort soulèvement du Miocène sur le chevauchement Muli du YBT, d'un fort effet orographique sur les précipitations au-dessus de 3000 m et d'une augmentation supplémentaire de l'afflux dans la rivière pour simuler la capture de la zone endoréique du plateau intérieur, pourrait bien reproduire une topographie similaire de la Région des Grands Coudes. Notre travail met l'accent sur le rôle dominant du forçage tectonique dans la construction de la haute topographie, depuis l'Oligocène ou le Miocène moyen dans deux régions au sud-est du Tibet, respectivement. Une combinaison d'une telle forte tectonique, de précipitations orographiques réduites sur le haut plateau et d'une capture potentielle de la zone endoréique est nécessaire pour inciser profondément les gorges de la rivière et préserver simultanément les surfaces de faible relief à haute altitude dans les interfluves et en amont.