Thèse soutenue

Influence des caractéristiques perceptives et émotionnelles des expressions faciales dans la programmation de saccades oculaires

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Auteur / Autrice : Léa Entzmann
Direction : Martial Mermillod
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences cognitives, psychologie et neurocognition
Date : Soutenance le 22/09/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de psychologie et neurocognition (Grenoble ; Chambery ; 1996?-....)
Jury : Président / Présidente : Monica Baciu
Examinateurs / Examinatrices : Dimitri Bayle
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Goffaux, Thérèse Collins

Résumé

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Les expressions faciales sont des stimuli visuels complexes, caractérisés à la fois par une configuration spatiale spécifique et une émotion qu’ils communiquent. Leur détection est essentielle, que ce soit dans le cadre de la survie ou de la génération de comportements sociaux adaptés. Certains modèles du traitement des émotions suggèrent que les visages avec une expression émotionnelle, en particulier apeurée, sont détectés rapidement, et ce indépendamment de l’objectif de l’observateur. Cette détection rapide ferait intervenir une voie sous-corticale, qui relie le colliculus supérieur à l’amygdale et qui traiterait uniquement l’information visuelle grossière, transmise par les basses fréquences spatiales. Cependant, toutes les recherches ne s’accordent pas forcément. L’objectif de ce travail de thèse était de préciser les processus par lesquels les expressions faciales émotionnelles (joyeuses ou apeurées) influencent la programmation des saccades oculaires, en comparaison à des expressions faciales neutres. Nous avons en particulier testé l’hypothèse d’une détection rapide (< 100 ms) et indépendante de l’objectif des participants, qui favoriserait l’orientation du regard vers des visages émotionnels, particulièrement apeurés. Nous supposions que cet effet soit originaire du traitement des basses fréquences spatiales au sein de la voie sous-corticale. À travers une série d’études en choix saccadique, les résultats d’un premier chapitre expérimental témoignent d’un traitement privilégié des visages émotionnels, en particulier joyeux, qui capture le regard plus efficacement que les visages neutres. Cependant, cet effet ne serait pas automatique, mais plutôt dépendant de la tâche de l’observateur. Nous avons aussi observé de manière systématique des différences entre les points d’arrivée des saccades sur des visages joyeux et des visages apeurés. Plus précisément, les saccades arrivaient plus près de la bouche pour les visages joyeux qu’apeurés. Les résultats d’un second chapitre expérimental témoignent de l’importance de l’information transmise par les hautes fréquences spatiales dans la détection et le déclenchement d’une saccade vers des visages neutres et émotionnels. À l’aide d’un réseau de neurones convolutionnel, nous avons pu mettre en évidence la région la plus diagnostique à cette tâche : la bouche. Les résultats d’un troisième chapitre expérimental, basé sur une étude en neuroimagerie, témoignent d’une sensibilité aux expressions faciales dans des régions corticales, indépendamment des fréquences spatiales. Cependant, nous n’avons pas observé d’effet des expressions faciales dans les régions qui constituent la voie sous-corticale. Dans la plupart des régions étudiées, les réponses neuronales étaient plus fortes face à des visages présentés en hautes plutôt que basses fréquences spatiales. Les résultats de ce troisième chapitre expérimental sont discutés en lien avec les statistiques de nos stimuli. Ainsi, les travaux menés dans le cadre de cette thèse, qui allient comportement, neuroimagerie et modélisation, suggèrent que les visages émotionnels peuvent attirer le regard plus efficacement que les visages neutres. Cependant, cet effet ne serait pas automatique. Nous proposons que, en particulier dans les tâches qui exigent une réponse rapide, les visages émotionnels ne vont pas attirer l’attention et le regard plus que les visages neutres. Mais, les caractéristiques physiques des expressions vont moduler l’attention automatiquement, ce qui se traduit par des décalages au niveau des points d’arrivée des saccades. Finalement, que ce soit au niveau comportemental ou neuronal, nos résultats n’ont pas permis de mettre en avant un traitement privilégié des visages apeurés, basé sur l’extraction rapide des basses fréquences spatiales. Ils remettent ainsi en question l’implication de la voie sous-corticale dans le traitement des expressions faciales.