Thèse soutenue

Le Human Beatbox : aux limites des frontières de la production vocale humaine

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Auteur / Autrice : Annalisa Paroni
Direction : Nathalie Henrich-BernardoniHélène Loevenbruck
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ingénierie de la cognition, de l'interaction, de l'apprentissage et de la création
Date : Soutenance le 05/09/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Grenoble Images parole signal automatique (2007-....)
Jury : Président / Présidente : Benjamin Lecouteux
Examinateurs / Examinatrices : Susanne Fuchs, Claire Pillot-Loiseau, Shrikanth Narayanan
Rapporteurs / Rapporteuses : Claudio Zmarich, Sten Ternström

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le human beatboxing (HBB) est un art vocal en pleine évolution : les beatboxeurs utilisent leurs organes vocaux pour imiter et créer des sons afin de faire de la musique. La clé de cet art est l'expérimentation vocale. Cependant, seules quelques études se sont penchées sur le beatbox jusqu'à présent. Les mécanismes de production et l'étendue de l'exploitation du conduit vocal humain que cet art permet d'atteindre restent largement inexplorés.Si d'une part, les sons de HBB sont produits de manière à ce que l'auditeur naïf ne comprenne pas l'origine humaine de cette production musicale, d'autre part, les beatboxers s'appuient fortement sur les sons linguistiques pour apprendre, enseigner et discuter des boxèmes (sons de HBB).Dans le cadre de ce travail de thèse, nous avons mené une enquête à multiples facettes pour caractériser les mécanismes de production de 5 boxèmes de base (kick, hi-hat, snare, rimshot, cymbale), en mettant en évidence ce qui est spécifique au HBB et ce qui est similaire aux homologues de la parole.Nous avons enregistré 6 beatboxers et analysé les données physiologiques de deux corpus, comprenant des données articulatoires, acoustiques, électroglottographiques, respiratoires et vidéo collectées de manière synchrone, et d'un corpus de données endoscopiques.Nous avons comparé les boxèmes de base kick, hi-hat, rimshot aux homologues parlés [pu, ti, ka] et avons constaté que les trois boxèmes étaient produits comme des articulations occlusives et partageaient le lieu d'occlusion avec les consonnes parlées. Cependant, alors que les consonnes étaient produites par un flux d'air pulmonaire, les boxèmes étaient produits par une action de piston glottique. Ce mouvement laryngé a affecté le mouvement de la langue dans la cavité orale. Des vitesses articulatoires plus élevées lors du relâchement de l'occlusion ont été mesurées pour les boxèmes.Le comportement respiratoire différait entre la parole et le HBB. Pour les tâches de parole, un schéma d'inspiration suivi d'une expiration pendant la production du son a été décrit. Pour les tâches de HBB, un comportement spécifique au HBB a été décrit, avec une tendance à stabiliser la circonférence thoracique et éventuellement abdominale pendant la production du son, et des petites variations locales accompagnant la production acoustique. L'inspiration pendant la production sonore peut être réalisée en passant d'un mécanisme égressif à un mécanisme ingressif pour certains boxemes. Cependant, une variabilité inter-sujet et inter-stimuli a été observée.Nous avons étudié 12 boxèmes appartenant à 5 catégories de sons de batterie (kick, hi-hat, rimshot, snare, cymbales) produits par un beatboxer et avons constaté qu'une classification automatique non supervisée était capable de regrouper correctement les données acoustiques, suggérant que chaque boxème a sa propre signature acoustique. Une variété de gestes articulatoires a été décrite, certains différents de ceux attestés en parole, et une annotation phonétique utilisant l'alphabet IPA a été proposée, soulignant la complexité de la production sonore et les limites de l'annotation basée sur la parole pour les sons de HBB.Deux types de HBB ont été comparés : régulier et humming. La technique du humming permet aux beatboxeurs de superposer une ligne mélodique à une ligne rythmique, alors que le HBB régulier ne permet de produire que l'un ou l'autre à la fois. Cependant, la manière dont cela est réalisé n'est pas très bien décrite d'un point de vue scientifique. Nous avons constaté que les mécanismes respiratoires et articulatoires sont liés dans le HBB régulier, alors que en humming, ils sont dissociés. La cavité orale est isolée du reste du conduit vocal et fonctionne seule pour produire la ligne rythmique via un mécanisme d'initiation oral. Cela laisse la partie en amont du conduit vocal disponible pour la respiration ou la production de la ligne mélodique. Les vocalisations se propagent à travers les cavités nasales.