Thèse soutenue

Caractérisation génétique et moléculaire des formes sévères de tératozoospermie responsable d'infertilité chez l'homme

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Auteur / Autrice : Julie Beurois
Direction : Charles CouttonPierre Ray
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biotechnologie, instrumentation, signal et imagerie pour la biologie, la médecine et l'environnement
Date : Soutenance le 10/06/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut pour l'avancée des biosciences (Grenoble)
Equipe de recherche : Génétique, épigénétique et thérapies de l'infertilité (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Pascale Hoffmann
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Laure Barbotin
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Jaillard-Herrebrecht, Ahmed Ziyyat

Résumé

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La tératozoospermie est définie par l’organisation mondiale pour la santé (OMS) par la présence dans l’éjaculat de plus de 96% de spermatozoïdes morphologiquement anormaux regroupant un large éventail de phénotypes avec des anomalies affectant, seules ou simultanément, la tête et le flagelle. Mon travail a été centré sur deux phénotypes rares de tératozoospermie : les Anomalies Morphologiques Multiples du Flagelle (MMAF) caractérisées par la présence dans l’éjaculat de spermatozoïdes immobiles avec des flagelles courts, enroulés, absent ou de diamètre irrégulier ; et la Globozoospermie correspondant à la présence de spermatozoïdes à tête rondes dépourvus d’acrosome. Des altérations génétiques ont été associées à ces phénotypes mais la plupart des cas analysés restent non résolus. L’objectif de ma thèse a donc été d’explorer de nouvelles causes monogéniques de ces deux phénotypes à partir de données d’exomes de cohortes de 167 patients MMAF et 28 patients globozoospermiques.Parmi la cohorte de patients MMAF, nous avons tout d’abord identifié deux patients avec des mutations homozygotes tronquantes dans le gène CFAP70, codant pour une protéine décrite comme régulatrice des bras de dynéines externes de l’axonème. Les immunofluorescences (IF) réalisées ont démontré que l’absence de CFAP70 affectait significativement plusieurs structures axonémales du flagelle notamment les bras de dynéines externes et le complexe axonémal CSC (Calmoduline, Radial Spoke associated Complex). Les issues favorables des injections intracytoplasmique (ICSI) réalisées chez ces patients suggèrent que l’altération de ce gène ne réduit pas les chances de réussite de l’ICSI. Secondairement, nous avons pu identifier six patients porteurs de mutations homozygotes dans le gène MAATS1 codant pour la protéine CFAP91 qui compose le CSC. Les expériences d’IF et de microscopie électronique à transmission ont permis de confirmer l’importance de MAATS1 pour la stabilité du CSC mais aussi d’autres composants de l’axonème. De plus, l’étude du modèle mutant Trypanosome inactivé pour TbCFAP91, l’orthologue de MAATS1, a démontré que l’absence de la protéine induit la perte de la motilité flagellaire couplée à une désorganisation de la paire centrale de l’axonème. L’étude approfondie de notre cohorte MMAF nous a permis par la suite d’identifier une mutation homozygote tronquante dans un nouveau gène, CFAP206. L’étude de différents modèles mutés pour CFAP206 (humains et souris) a montré que la protéine CFAP206 est essentielle pour l’ancrage des ponts radiaires aux microtubules via le CSC. Enfin, nous avons retrouvé des mutations homozygotes délétères dans le gène ZMYND12 chez trois patients. La fonction de ce gène est encore inconnue. Nous avons initié l’étude de ce gène et créé une lignée de souris KO par CRIPSR/Cas9. Les premiers résultats obtenus à partir d’échantillons humains et sur un modèle trypanosome mutant confirment l’implication de ZMYND12 dans la motilité flagellaire et suggère d’éventuelles interactions de cette protéine avec des protéines du CSC et du transport intra-flagellaire. Au final, ces travaux ont permis d’identifier quatre nouveaux gènes impliqués dans le phénotype MMAF et ont démontré la place centrale du complexe CSC dans la stabilité et la fonction du flagelle du spermatozoïde, apportant de nouveaux éléments sur sa fonction et sa composition.Parmi les 28 patients globozoospermiques de notre cohorte, une mutation stop homozygote a été identifié chez un patient sur un nouveau gène candidat FAM205A. La protéine a été localisée par IF dans l’acrosome mature et au niveau de la vésicule acrosomale en formation sur des coupes testiculaires humaines. Grace à la création d’une lignée de rats Fam205a-KO, nous espérons confirmer prochainement l’implication de ce gène dans le phénotype de globozoospermie. Ces données devraient nous permettre à terme d’améliorer nos connaissances sur la physiopathologie de la globozoospermie et sur la biogénèse de l’acrosome.