Développement d’un schéma de calcul neutronique pour la modélisation du pilotage des SMR (Small Modular Reactors) sans bore soluble
Auteur / Autrice : | Pierre Devaux |
Direction : | Jean-François Vidal |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Mécanique des fluides, procédés, énergétique |
Date : | Soutenance le 14/10/2022 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Ingénierie - matériaux mécanique énergétique environnement procédés production (Grenoble ; 2008-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de simulation des combustibles (CEA Cadarache) |
Jury : | Président / Présidente : Pablo Rubiolo |
Examinateurs / Examinatrices : Alain Hébert, Andreas Pautz, Barbara Vezzoni | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Ivan Alexander Kodeli, Xavier Doligez |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La puissance d’un réacteur à eau pressurisée (REP) industriel est généralement de l’ordre de 1000 MWe. Avec l’émergence des nouveaux marchés tels que l’alimentation de sites isolés ou la production de chaleur, des concepts de petits réacteurs modulaires (small modular reactor ou SMR) sont proposés avec des puissances inférieures à 300 MWe. Certains concepts de SMR n’utilisent pas de bore soluble dans le circuit primaire, malgré son utilisation quasi-systématique dans les REP. Le contrôle de la réactivité de ces réacteurs repose donc principalement sur l’insertion et le retrait des grappes de contrôle. L’utilisation de poisons consommables à poste fixe permet également un contrôle de la réactivité à la conception et limite la quantité d’absorbants mobiles insérés dans le cœur.Un schéma de calcul déterministe en deux étapes est généralement utilisé pour la modélisation des REP. La première étape est un calcul de transport neutronique sur une géométrie 2D détaillée d’un assemblage combustible en réseau infini. Dans un schéma de calcul standard, une évolution toutes grappes extraites (TGE) est réalisée sur une plage de burnup. Des calculs de reprise sont effectués à chaque pas de burnup en faisant varier les paramètres principaux de fonctionnement tels que la densité du modérateur, la température du combustible et l’insertion de la grappe de contrôle. Les sections efficaces multigroupes sont ensuite condensées à deux groupes et homogénéisées à l’échelle de la cellule combustible. Les librairies de sections efficaces ainsi obtenues sont utilisées à l’étape cœur pour le calcul des distributions 3D de puissance par résolution de l’équation de la diffusion à deux groupes d’énergie. L’hypothèse d’évolution du combustible en configuration TGE nécessite d’être remise en question au regard de l’insertion prolongée des grappes de contrôle pour un cœur de REP sans bore soluble, qui modifie le spectre neutronique d’évolution.Le premier objectif de ce travail de thèse est de quantifier les écarts numériques introduits par le schéma de calcul neutronique standard pour la modélisation d’assemblage, de cluster et de cœur d’un REP sans bore soluble fortement empoisonné. Le second objectif est de développer une méthode qui permette de simuler des effets d’historique de spectre à l’échelle d’un cœur complet de SMR sans pénalité excessive sur le temps de calcul.Ce travail a été réalisé avec la plateforme déterministe multi-filières APOLLO3®. La méthode développée, baptisée COHLISEE, est une méthode hybride qui consiste à utiliser à la fois une évolution microscopique et un indicateur d’historique de spectre lors d’un calcul de diffusion. La méthode est vérifiée et validée grâce à des calculs d’assemblages et de cluster 2x2 en 2D. Les résultats de référence sont obtenus par des calculs en transport réalisés avec des séquences particulières d’insertion de grappe de contrôle. Les résultats de COHLISEE (réactivité, distributions de puissance, bilan matière) sont comparés à ceux obtenus par des schémas standards utilisant des modèles d’évolution macroscopique ou microscopique au niveau cœur. Le processus de vérification et de validation (V&V) montre que le schéma macroscopique présente des biais considérables sur la réactivité pour toutes les séquences étudiées. Les écarts numériques avec le schéma microscopique sont relativement faibles pour un assemblage UO2 sans poisons consommables mais peuvent être comparables au schéma macroscopique en présence d’absorbants gadoliniés. Les calculs de cœur réalisés avec la méthode COHLISEE réduisent les biais numériques, notamment sur les distributions de puissance crayon par crayon, avec un coût de calcul comparable au schéma standard microscopique. Afin de comparer COHLISEE avec les schémas standards, des calculs critiques en 3D sur un cœur de benchmark de SMR sans bore soluble sont réalisés. Cette étude permet d’évaluer les écarts numériques entre COHLISEE et les schémas standards pour un cœur complet.