Thèse soutenue

« Quitte un peu le quartier ! » : gravir les sommets avec l'éducation populaire : ethno-géographie d'une jeunesse minorisée en montagne

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Auteur / Autrice : Léa Sallenave
Direction : Anne SgardPhilippe Bourdeau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 28/06/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes en cotutelle avec Université de Genève
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France)
Jury : Président / Présidente : Bernard Debarbieux
Examinateurs / Examinatrices : Viviane Cretton
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Chevalier, Isabel Orellana

Résumé

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Cette thèse explore l'instrumentation de la nature, ici la nature montagnarde, par l'éducation populaire, courant éducatif et social, mettant au centre de son projet des finalités émancipatrices. Elle prend pour cadre d'étude principal un dispositif municipal grenoblois appelé « Jeunes en montagne ». Destiné prioritairement aux jeunes de quartiers populaires, il vise à les sensibiliser à la montagne faiblement aménagée par le biais d'activités physiques de pleine nature. Milieu à faible distance kilométrique du quartier, il est estimé à grande distance sociale et symbolique. Au cours d'excursions sur l'année, ces jeunes négocient leur place dans un espace où ils ne sont pas attendus. La thèse confronte un questionnement sur l'investissement de la montagne par l'éducation populaire et une analyse en termes de places et de distance à cet espace. Cette recherche croise des méthodes classiques de la recherche qualitative, à savoir des entretiens, des observations de terrain et une analyse de corpus d'images. Cette démarche vise à saisir quelles sont les places légitimes et autorisées, et à saisir les éventuels décalages par rapport aux normes spatiales et culturelles en vigueur en montagne, ainsi que les processus de minorisation. Cette thèse montre que la montagne s'est en grande partie construite sur la relégation symbolique et concrète de groupes sociaux minorisés. Elle souligne que l'éducation populaire aide à franchir des frontières symboliques et participe à légitimer les places en montagne de personnes invisibilisées dans les imaginaires dominants. Elle souligne que, paradoxalement, la construction d'une nature spectaculaire de la haute montagne tend à alimenter un environnementalisme qui masquerait les rapports de domination et donc les possibilités de conflictualiser le lien à la nature. Cette thèse permet de comprendre l'impact des rapports de domination, des processus de minorisation, souvent de basse intensité, peu explicités, dans des contextes perçus en général comme neutres ou a-politiques (activités ludiques de plein air).