Pouvoir politique et Carabiniers au Chili 1990-2014 : modernisation ou démocratisation?
Auteur / Autrice : | Antonio Frey |
Direction : | Sebastian Roché |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences politiques |
Date : | Soutenance le 27/01/2022 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France) |
Jury : | Président / Présidente : David Garibay |
Examinateurs / Examinatrices : Anaïk Purenne | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jacques de Maillard, Gustavo Rayo Urrutia |
Mots clés
Résumé
Cette thèse porte sur les relations entre pouvoir politique et police au Chili. Le contexte post-autoritaire dans ce pays est encore régi par les règles héritées de la dictature, attribuant aux forces de l´ordre un rôle politique et une indépendance croissante vis-à-vis des autorités civiles. Nous analysons les rapports qu´entretiennent les responsables gouvernementaux et les élites sectorielles policières pour définir l´enjeu de l´efficacité policière. A travers cette étude de cas, nous cherchons à mettre en tension les thèses de l´insularité et de l´instrumentalité, couramment utilisées pour caractériser les rapports entre les uns et les autres. Les gouvernements démocratiques vont faire face à deux enjeux dès leur arrivée au pouvoir en 1990 : l´enjeu du contrôle de la réactivation de la violence politique liée à la transition d´un régime à l´autre et la modernisation des Carabiniers sous l´influence grandissante des préconisations du new public management (NPM). D´une part nous nous intéressons aux rapports que vont tisser les responsables gouvernementaux et les Carabiniers pour se confronter à l´activité croissante des groupes de gauche ayant décidé de prolonger la lutte armée. Les autorités civiles vont détourner les règles issues de la dictature, pour neutraliser les menaces grandissantes des militaires et des acteurs de la droite politique, proposant pour affronter le terrorisme de mettre en œuvre des mesures pouvant éroder l´État de droit. D´autre part, nous analysons les relations entre responsables gouvernementaux et élites sectorielles policières pour entreprendre le processus de modernisation des Carabiniers. Nous proposons le concept d´autonomie négociée pour les caractériser. Cette notion nous permet de soumettre à l´épreuve des faits l´idée mise en avant par le NPM pour améliorer le management du secteur public qui consiste à séparer le rôle stratégique réservé à la sphère politique de celui opérationnel, permettant aux administrations de décliner les orientations venant des responsables ministériels. Nous proposons de souligner l´interdépendance des acteurs impliqués dans l´action publique mise en avant par l´institutionnalisme centrée sur les acteurs .Pour conclure, nous constatons que cette séparation des tâches stratégiques et opérationnelles pour améliorer le management de la performance ne va pas de soi dans le secteur policier. Les élites sectorielles policières vont s´immiscer dans la définition des orientations politiques leur permettant ensuite - dans un mouvement d´anticipation -, de décliner au niveau opérationnel ces priorités. D´autre part, pour affronter la violence politique, les autorités civiles vont définir avec les Carabiniers le management opérationnel en leur imposant une conception particulière de leur efficacité sur le terrain.