Des vies en fripes : une anthropologie des circulations du vêtement usagé (bâleh) au Liban
Auteur / Autrice : | Emmanuelle Durand |
Direction : | Franck Mermier, Emma Aubin-Boltanski |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance le 14/12/2022 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Leïla Vignal |
Examinateurs / Examinatrices : Leïla Vignal, Delphine Mercier, Nicolas Puig, Thierry Boissière, Armelle Choplin, Valeria Siniscalchi | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Delphine Mercier, Nicolas Puig |
Mots clés
Résumé
La thèse s’attache à retracer les « vies sociales » libanaises du vêtement usagé (bâleh) en se concentrant sur les notions de circulations, de valeurs et de souillure. À partir de ces trois fils problématiques et en mêlant des approches ethnographique et filmique, elle entend approfondir la question des logiques politiques, sociales et morales qui sous-tendent ces pratiques économiques de travail et de consommation, afin de révéler le pouvoir agissant et la dimension signifiante du textile usagé. Par une attention portée sur ce commerce à bas coûts (et cette économie très lucrative), ce travail remonte la filière du rebut textile - depuis les échoppes beyrouthines jusqu'aux usines belges en passant par les entrepôts de Tripoli - pour rendre compte des agencements sociaux, des ordonnancements spatiaux et des régimes d’encadrement et de contournement de cette économie du déchet. En s’intéressant à ce qui est tenu pour souillé et à travers l’analyse des circulations spatiales, sociales et symboliques de la bâleh, ce travail opère une mise en mouvement qui, des places marchandes populaires aux espaces de la sociabilité homosexuelle en passant par les zones franches portuaires, invite à se rapprocher d’une diversité d’individus. En suggérant comme poste d’observation les places marchandes de l’usagé, cette enquête met en avant un état du/des lieux qui peut être paradigmatique d’un certain nombre de contextes urbains, de plus en plus marqués par des conflits majeurs, des déplacements massifs de populations et un accroissement des inégalités socio-économiques. In fine, la thèse entend rendre intelligible ce qui se joue, à travers le textile usagé, entre l'intime et le politique, entre le moral et le social.