Des logiciels libres au contrôle du code : l'industrialisation de l'écriture informatique
Auteur / Autrice : | Gabriel Alcaras |
Direction : | Emmanuel Didier, Christophe Prieur |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la société |
Date : | Soutenance le 09/11/2022 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Valérie Beaudouin |
Examinateurs / Examinatrices : Valérie Beaudouin, Valérie Schafer, Maud Simonet, Geoffrey C. Bowker, Cécile Méadel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Schafer, Maud Simonet |
Résumé
Cette thèse étudie l’écriture logicielle en partant d’un outil de travail incontournable dans le développement informatique contemporain :Git. Ce logiciel, qui sert à gérer les différentes versions du code source, occupe une place absolument hégémonique dans l’activité quotidienne de codage. Aujourd’hui harmonieusement intégré dans des plateformes collaboratives majeures comme Github, publiquement utilisé et soutenu par des multinationales comme Google et Microsoft, Git s’insère parfaitement dans l’industrie informatique moderne au point de faire parfois oublier que Git est un logiciel libre profondément ancré dans les pratiques d’écriture collective et bénévole de ce milieu. Pour pleinement révéler et rendre compte de cette position entredeux mondes supposément antagonistes, le logiciel libre et l’entreprise ,la thèse envisage l’informatique libre dans le contexte de l’activité professionnelle et des conditions de travail des ingénieurs. En suivant le développement de cet objet central mais méconnu, la thèse explore les coulisses de la construction des infrastructures numériques et montre que le contrôle du code s’est construit comme un enjeu à la fois technique, professionnel et économique. Interdisciplinaire cette recherche s’inscrit en sociologie du travail, en anthropologie du capitalisme et de ses critiques, et en histoire des sciences et des techniques. Fondée sur une observation internationale du développement de Git en ligne et hors ligne, sur des entretiens ainsi que sur une analyse qualitative et quantitative d’archives de collaboration, cette thèse analyse comment le contrôle du code s’exerce à l’échelle des pratiques expertes d’écriture, de la construction des outils de travail et de la propriété des moyens de production logicielle. Des hackers bénévoles de la fin des années 1990 aux ingénieurs salariés des grandes entreprises du numérique contemporain, des pratiques informelles à leur codification par les infrastructures, de la gouvernance au management du code, la trajectoire de Git dessine le rôle majeur des logiciels libres dans la construction de l’industrie informatique moderne.