Thèse soutenue

Evaluation de trois politiques publiques dans le domaine de l'emploi, de la formation continue et des politiques fiscales locales

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Auteur / Autrice : Francesco Filippucci
Direction : Marc Gurgand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Analyse et politiques économiques
Date : Soutenance le 05/10/2022
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris)
Jury : Président / Présidente : Camille Hémet
Examinateurs / Examinatrices : Camille Hémet, Christopher Walters, Paolo Pinotti, Alexandra Roulet
Rapporteurs / Rapporteuses : Christopher Walters, Paolo Pinotti

Résumé

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L’évaluation quasi-expérimentale des politiques publiques est un outil précieux pour l'analyse économique et l’avancement des politiques publiques. Cette thèse se concentre sur trois politiques, dans le domaine de l’emploi et des finances publiques, et plus précisément sur un programme pour l’emploi des jeunes, une subvention à la formation professionnelle, et une règle budgétaire. En évaluant chacune de ces trois politiques, je consacre une attention particulière à l’identification économétrique des effets causaux. J'adopte conjointement une approche innovante en essayant de lier des effets causaux, à validité locale, à des modèles structurels, de validité plus générale. Cela vise ainsi à mieux comprendre les mécanismes derrière les résultats, mais aussi à tester les implications des résultats pour la théorie économique dans son ensemble. Le premier chapitre, intitulé ``De quoi les jeunes ni en emploi, ni en études et ni en formation professionnelle (NEET) ont-ils besoin ? L'effet conjoint des politiques actives et passives pour l’emploi'', évalue une politique française d’insertion, la Garantie Jeunes. Ce programme offre une année d’indemnité monétaire et un parcours d'activation intensif aux jeunes défavorisés NEET. En utilisant une méthodologie de différence dans les différences, les résultats mettent en évidence un fort effet positif conjoint des politiques actives et passives (+21 points d'emploi) après que les jeunes aient quitté le programme. Pendant la participation au programme, l'emploi à temps partiel diminue lorsque les jeunes sont occupés par des mesures d'activation et si le transfert monétaire n’est pas cumulable avec le revenu du travail. Cela suggère que recevoir une indemnité monétaire et être engagé dans une formation risque de réduire l'emploi des jeunes, compensé par l'effet positif des mesures d'activation. Le deuxième chapitre, ``Qui profite des subventions pour la formation générale ? Les effets du compte individuel de formation en France'', porte sur le CPF français, un dispositif qui dote tous les travailleurs de crédits de formation. En étudiant une réforme de 2019, je montre que la participation à la formation n'est pas significativement affectée par le valeur du CPF parce que, en équilibre, plus de la moitié du bénéfice de la subvention est capturée par une augmentation des prix de formation de 53 centimes pour chaque Euro de subvention. De plus, la subvention affecte les profits des organismes de formation, sans changer ni leurs coûts ni leur nombre de salariés. Ces résultats peuvent être expliqués avec la présence d’une demande de formation inélastique et par des marchés de cours de formation peu compétitifs. Dans ces conditions, les subventions à la formation continue risquent d’être un simple transfert aux producteurs et aux bénéficiaires de la formation, sans une amélioration du bien-être générale. Enfin, le troisième chapitre étudie l’impact des politiques d'austérité. Le coût de la réduction des déficits budgétaires est une question empirique ouverte : les estimations quasi-expérimentales des multiplicateurs fiscaux locaux varient entre 1,5 et 1,8, mais la plupart d'entre elles sont obtenues à partir de chocs augmentant les dépenses. Ce chapitre se focalise par ailleurs sur un choc de sense opposé: l'extension de règles budgétaires plus strictes en 2013 aux municipalités italiennes de moins de 5 000 habitants, ce qui génère une augmentation d'environ 100 euros par habitant de l'excédent budgétaire net municipal. Nous ne constatons aucune diminution du revenu des résidents suite à cette réduction budgétaire. Le multiplicateur fiscal local estimé n'est donc jamais significativement différent de zéro, et nous pouvons exclure qu'il soit supérieur à 1,5 avec 95% de confiance. Ces résultats suggèrent que le coût de la réduction du déficit budgétaire peut être, dans le cas de diminution de dépenses, inférieur à celui de 1,5 Euros de revenu pour chaque Euro de réduction du déficit.