Thèse soutenue

La parenté d'après le don : une approche relationnelle du vécu des personnes conçues par don de sperme (France, Angleterre)

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Auteur / Autrice : Anaïs Martin
Direction : Agnès Martial
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 12/07/2022
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Laurence Hérault
Examinateurs / Examinatrices : Laurence Hérault, Jérôme Courduries, Cathy Herbrand, Olivier Allard, Virginie Rozée Gomez, Irène Théry
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Courduries, Cathy Herbrand

Résumé

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Cette thèse de doctorat porte sur l’assistance médicale à la procréation avec tiers donneur (AMPD). Elle se concentre plus spécifiquement sur le vécu des adultes conçu·e·s grâce à un don de sperme anonyme entre les années 1940 et 1990 en France et en Angleterre. À partir d’une enquête par entretiens menée auprès de soixante-trois personnes, ce travail entend documenter la manière dont celles-ci vivent et perçoivent leur mode de conception. Il s’agit de considérer la situation particulière que représente le fait d’être nées grâce à un dispositif que les personnes conçues par don n’ont, par définition, pas choisi et auquel elles n’ont pas participé. La thèse décrit la manière dont elles contribuent néanmoins activement à façonner les liens qui en découlent. Ce faisant, elle s’intéresse à l’incidence du don sur la parenté et ouvre une réflexion plus large sur le rôle joué par la procréation dans la parenté euro-américaine contemporaine.Le manuscrit est articulé en cinq chapitres abordant l’annonce du mode de conception, la recherche des origines, le rapport au donneur et au père et les relations entre personnes issues du même don. Adoptant une approche relationnelle centrée sur les actions et les récits, il propose une mise en contexte des témoignages recueillis dans le cadre normatif qui caractérise la période d’institutionnalisation de l’AMPD – depuis la création des premières cliniques spécialisées jusqu’à l’adoption des premières lois –, marquée par le secret sur le recours au don et l’anonymat des donneurs. Les récits sont également replacés au sein des biographies individuelles et des histoires familiales. Cette démarche permet de montrer que, du point de vue des personnes qui en sont issues, le don instaure une parenté à la fois ordinaire et spécifique qui ne déroge pas aux principes centraux du modèle euro-américain, tout en produisant de nouvelles mises en significations des liens. L’analyse permet notamment de constater l’émergence de catégories de relations inédites aux confins de la parenté. Au-delà du don, la thèse ouvre des perspectives sur la place accordée au corps dans et par la procréation et sur le rôle que joue la temporalité dans les relations, en s’écartant de la dichotomie traditionnellement tracée entre "biologique" et "social".