Les mobilisations des femmes syndicalistes pour l'égalité en Tunisie postrévolutionnaire : le cas de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT)
Auteur / Autrice : | Arbia Selmi |
Direction : | Sophie Pochic |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 07/03/2022 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Dominique Marchetti |
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Marchetti, Sophie Béroud, Cécile Guillaume, Sophie Brière, Abir Kréfa | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Béroud, Cécile Guillaume |
Mots clés
Résumé
L’union générale tunisienne du travail (UGTT) a joué un rôle majeur dans l'encadrement des mouvements de protestations sociales en 2010 et 2011 et la transition démocratique en Tunisie. Alors qu’une loi sur la parité est adoptée pour le champ politique (qui permet l’arrivée de 27%de femmes à l’Assemblée) et que le contexte sociopolitique se caractérise par un renouveau des mobilisations féministes, quelle place le syndicat majoritaire réserve-il aux femmes ?La thèse retrace tout d’abord une brève histoire croisée entre le syndicalisme et le(s)féminisme(s) en Tunisie depuis les années 1950. Elle explore le rapport de l’UGTT aux droits des femmes et la place du pôle syndical dans « l’espace de la cause des femmes » tunisiennes, à partir de deux mobilisations contemporaines en Tunisie. La première est celle du mouvement Hrayer Tounes en 2013, qui a eu pour objectif et a permis que le principe juridique de l’égalité femmes-hommes soit intégré dans la Constitution de 2014. La deuxième mobilisation concerne l’égalité dans l’héritage, portée par une coalition d’associations féministes en 2019.Fondée sur une ethnographie de longue durée de formations et congrès syndicaux et complétée par des archives et une centaine d’entretiens biographiques, la seconde partie analyse une séquence historique courte, entre le premier congrès post-révolution en 2011 et le congrès de2017. Une intense mobilisation collective a impliqué des centaines de femmes qui se sont convaincues de l’utilité d’un quota de sexe pour favoriser la « démocratie de genre » au sein deleur syndicat (composé de 48% d’adhérentes mais aucune femme au bureau exécutif). Cette thèse expose le « répertoire d’actions » de cette bataille pour l’égalité interne au sein de l’UGTT jusqu’au congrès de 2017, qui a permis l’adoption d’un quota de deux femmes minimum par structures et l’élection historique d’une première femme au bureau exécutif depuis soixante ans. Elle étudie également l’influence directe et indirecte des organisations internationales, dans la promotion de la place des femmes, mais également des jeunes au sein de l’UGTT. Cette recherche explore enfin les mécanismes multiples qui fabriquent le « plafond de verre »rencontré par les femmes au sein de l’UGTT et elle expose la façon dont la « culture masculine » de l’organisation syndicale tend à faire des femmes des intruses dans les postes de pouvoir, avec des facteurs classiques et spécifiques à la Tunisie (comme le cumul des mandats syndicaux et/politiques, le faible droit syndical dans le secteur privé, ou la différence entre Tunis et des régions rurales). Grâce à ce quota, une centaine de femmes ont intégré les instances des structures syndicales intermédiaires, fédérations et régions, en 2018.