Thèse soutenue

Le Pcf en Corse et le Pci en Sardaigne, 1920-1991 : implantation militante, histoire électorale, identité insulaire

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Auteur / Autrice : Lorenzo Di Stefano
Direction : Didier ReyMarco Di Maggio
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 04/03/2022
Etablissement(s) : Corte
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnement et sociéte (Corte ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lieux, identités, espaces, activités (Corte, Haute-Corse)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Marco Di Maggio, Albertina Vittoria, Paul Dietschy, Eugène F.-X. Gherardi, Marc Lazar
Rapporteur / Rapporteuse : Albertina Vittoria, Paul Dietschy

Mots clés

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Résumé

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L’histoire du Parti communiste italien (Pci) en Sardaigne, de la fondation en 1921 jusqu’à la dissolution en 1991, n’a pas encore été écrite. Cette thèse vise à combler cette lacune, tout en y ajoutant un aspect inédit : la rédaction croisée avec l’histoire du Parti communiste français (Pcf) en Corse. L’étude, structurée en trois périodes en fonction des grandes ruptures historiques (1920-1943 ; 1944-1962 ; 1963-1991) se focalise sur trois aspects : l’implantation territoriale, l’histoire électorale et l’identité insulaire. La première partie est caractérisée par la faiblesse des deux organisations politiques. La Résistance marque un tournant, notamment pour le Pcf corse, qui dans les années 1945-1947 est à son apogée militante et électorale, mais à partir de 1947 entame son déclin. Le tassement est dû aux conséquences de la guerre froide, à l’émigration des cadres du parti, à la ligne du Pcf sur la décolonisation et notamment sur la guerre en Algérie. L’érosion se stabilise après 1958, avec la participation des communistes corses aux principaux mouvements revendicatifs.Le Parti communiste italien en Sardaigne accroît son influence suite au choix d’une ligne politique autonomiste en 1947. Le Pci sarde, conduit par le secrétaire régional Velio Spano (1947-1957), puis par Renzo Laconi (1957-1963), atteint le pic des effectifs en 1954.À partir des années 1960, les deux îles traversent une phase caractérisée par l’urbanisation et le dépeuplement de l’intérieur, une rapide poussée démographique et un développement économique inégal, centré sur l’agriculture intensive et le tourisme de masse en Corse, et en Sardaigne s’ajoute la création des pôles industriels du secteur pétrochimique. Dans cette phase (1962-1991), le Pcf corse maintient son influence à travers l’implantation municipale, dans les bastions rouges de l’île. À Sartène, de 1959 à 2001, on retrouve la présence d’un maire communiste, tandis qu’à Bastia, de 1968 à 2014, les communistes occupent le siège de premier adjoint au maire radical. Au même moment en Sardaigne, le Parti communiste est à son apogée électorale, pendant la période du secrétariat national d’Enrico Berlinguer, entre la moitié des années 1970 et des années 1980. Aux élections politiques de 1976, le Pci sarde atteint 35,54% des suffrages, alors que le Pcf corse arrive tout juste à 16,20% aux législatives de 1978. De plus, les communistes de Sardaigne participent à l’exécutif régional de 1980 à 1982, et de 1984 à 1989. Il faut souligner néanmoins que si la région autonome sarde est constituée en 1948, le premier statut particulier de la Corse n’est approuvé qu’en 1982. Dans ce sens, le programme commun des communistes et des socialistes en 1972 marque un changement de ligne au sein du Pcf, avec le rôle joué par Félix Damette, théoricien français de la stratégie du socialisme autogestionnaire. Damette encourage le développement dans l’île du mot d’ordre favorable à un pouvoir régional démocratique. La Fédération de la Corse-du-Sud, née en 1976, se montre plus réceptive aux changements par rapport à la Fédération de la Haute-Corse, qui demeure plus centraliste et jacobine.En ce qui concerne l’identité insulaire, de 1947 à 1991, le Pci sarde est engagé dans l’application et l’actualisation de la ligne politique autonomiste. En Corse, le Pcf est plus attentif aux slogans et aux symboles insulaires dans la communication politique et, dans les années 1980, le parti accomplit une élaboration sur la langue et la culture régionale, grâce à l’engagement de Biancarelli, Bungelmi et Marcellesi.